Profil Bleu, une première exposition sans faute pour la photographe Emma Binois

undefined 21 février 2024 undefined 16h24

Lucie Guerra

Les visages, la nature, le bleu, les paysages. Au fil des photographies d’Emma Binois, les histoires défilent comme le cours d’eau d’une rivière. Depuis le 1er et jusqu’au 29 février, la jeune photographe de 23 ans investit les murs de la Maison de la Conversation pour y faire découvrir au public sa première exposition, Profil Bleu. Un endroit éclectique délibérément choisi par l’artiste, où le partage règne en maître et où cohabitent arts et cultures de tous horizons. 


©Manuela Kasyc

« C’était le lieu idéal, il est engagé et bouge beaucoup », explique-t-elle. Capturée à l'appareil argentique, la série de dix clichés colorés mêlant douceur, poésie et engagement contraste ainsi avec le mur en béton gris. « L’architecture est plutôt brutaliste, mais les photos se fondent bien. C’est assez émouvant de présenter son travail de cette manière. C’est un vrai accomplissement », confie l'artiste, le sourire aux lèvres.


Interroger le « mythe scandinave »

Plus qu’une simple exposition photo à la dimension artistique, le projet de la jeune photographe vise à documenter la vision qu’ont ses habitants de la Scandinavie, réputée pour ses démarches novatrices en faveur de l’écologie. Seule, Emma a parcouru Stockholm, Samsø et Copenhague pendant cinq semaines, à la rencontre de leurs populations, pour interroger ce qu’elle appelle « le mythe scandinave ». Un DJ, une enfant de 10 ans, une danseuse, une activiste… L’objectif était d’avoir « un panel diversifié pour balayer le phénomène climatique dans sa globalité », précise Emma.

Mari Hirvonen ©Emma Binois

Plus qu’une simple exposition photo, l’expérience se veut être pleinement immersive. Un QR Code renvoyant vers de courts extraits des interviews menées par la photographe avec ses modèles plonge le spectateur dans une dimension nouvelle. Le temps de cinq minutes, on quitte Paris pour se retrouver au bord du rivage, quelque part en Suède. Dans nos oreilles résonnent alors les histoires de Ninna, Saga, Mari ou encore Olof, parfois accompagnées du cri des mouettes en arrière-plan, qui ne fait qu’accentuer un peu plus le voyage. Au son de leurs voix, les portraits qui nous font face prennent alors vie.


©Manuela Kasyc


Aborder une réalité dramatique avec couleur et positivité

Comprendre l’impact de l’environnement sur la vie des Scandinaves, découvrir leur rapport à la nature, questionner les actions qu’ils mettent en place ou non au quotidien, telle a été la mission d’Emma Binois à travers ce documentaire photographique. « J’ai pu me rendre compte que les actions sont spécifiques à la personnalité et au centre des intérêts de chacun. Pour celle qui s’intéresse à la mode, ce sera d’acheter de la seconde main. Pour celui qui est activiste, ce sera d’arrêter de prendre l’avion pour aller à des conférences aux quatre coins du monde », développe-t-elle.

Saga Aurora ©Emma Binois

Sur ses photographies, on ne retrouve ni violence, ni vision alarmante. « La réalité climatique, on la connaît tous·tes », déplore Emma. À l’inverse, cette optimiste de nature fait le pari de « bouleverser les perspectives à [son] humble échelle » en jouant la carte de l’inspiration et de la positivité à travers ses Profils. Un parti pris si réussi que l’on en est presque frustré·e de ne découvrir que quatre personnalités sur les 12 capturées par la photographe. À quand la plus grande exposition ? Le temps nous le dira et une chose est sûre, nous serons là. 

Profil Bleu
Maison de la Conversation
12, rue Maurice-Grimaud – 18e
Jusqu'au 29 février
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