La Folie en tête, la folle expo de la Maison Victor Hugo

undefined 13 novembre 2017 undefined 11h41

Coline

Expo surprenante que celle de La Folie en tête : aux racines de l’art brut, présentée à la Maison Victor Hugo. Surprenante mais passionnante. En point d’ancrage du sujet, la vie de Victor Hugo lui-même, dont le frère et la fille furent touchés par la folie avant d’être internés. En suivant cette piste, l’expo propose de s’intéresser au sujet de la folie dans l’art, à travers quatre collections majeures récoltées par les psychiatres eux-mêmes auprès de leurs patients.


Au cours du XIXe siècle, le regard sur la folie évolue. Les Romantiques la considèrent presque comme une preuve de génie, l’utilisant dans leurs œuvres, tandis que les médecins commencent à développer des traitements plus "humains" pour les internés, et à utiliser l’art comme thérapie, encourageant les patients à peindre et dessiner. Les psychiatres deviennent ainsi les premiers collectionneurs des œuvres de leurs patients, qu’ils utilisent à la fois comme objets d’étude et de traitement. 

folie-en-tete© Broderie, anonyme, collection abcd / Bruno Decharme 

L’expo s’organise donc autour de quatre collections majeures européennes, regroupant plus de 200 œuvres, pour la majorité quasiment jamais vues en France. Faites en cachette ou lors d’ateliers, sur les murs de l’asile, sur des matériaux récupérés au hasard, des feuilles ou même des tissus, ces créations ont été collectées dans divers asiles et hôpitaux, en Ecosse, en France et en Allemagne. Chacune nous plonge dans la tête des malades de l’époque et nous ramène aux origines de l’art brut, formalisé par Jean Dubuffet, qui fut le premier à donner à "l’art des fous" une légitimité artistique.

folie-en-tete© Joseph Askew, Still life with Tankard and Pot Plants, aquarelle sur papier, 1868, Dumfries and Galloway Libraries, Information and Archives Ewart Library

Si certains des médecins ont précieusement conservé ces œuvres pour leur étude personnelle, d’autres ont réussi à l’époque à organiser de petites expositions, comme le docteur Auguste Marie, qui suscita même l’attention d’artistes reconnus comme André Breton, qui fit l’acquisition de certaines œuvres. Ces pratiques artistiques servaient à la fois de thérapie aux patients et de sujets d’observation aux médecins, à l’image du docteur Walter Morgenthaler, qui se servit des œuvres de ses patients pour étudier le processus de régression : à l’inverse des enfants qui arrivaient à l’écriture via le dessin, certains patients régressaient de l’écriture au dessin.

folie-en-tete© August Klett (1866-1928), Zuckerfabrik Heilbronn a/N, 1919, Prinzhorn Collection, University Hospital, Heidelberg

Une expo passionnante dont le sujet est rarement traité, La Folie en tête : aux racines de l’art brut permet une plongée dans l’univers de la médecine ds XIXe et XXe siècles, et rend hommage à ces médecins qui ont permis de faire évoluer le regard sur les troubles mentaux. Le tout dans un cadre sublime, puisque celle-ci à lieu dans la maison de Victor Hugo, sur la place des Vosges, ce qui ne gâche rien !


La Folie en tête, aux racines de l'art brut

Du 16 novembre 2017 au 18 mars 2018
Maison Victor Hugo
6, place des Vosges - 4e