Une exposition inédite du collectionneur Emil Bührle au Musée Maillol

undefined 20 mars 2019 undefined 18h36

Jeanne Gourdon

La collection d’Emil Bührle est présentée pour la première fois en France. C’est une des plus prestigieuses collections de particulier au monde. Et c’est assez incroyable.

Emil Georg Bührle (1890-1956) est d’origine allemande mais a vécu en Suisse à partir de 1924. De 1951 et 1956, il réunit plus de 600 œuvres d’art. Le musée Maillol vous en fait découvrir une partie, réunie au sein d’une même exposition.


L’exposition

Une soixantaine de trésors d’art moderne. Tous les plus grands noms de l’art de la fin du XIXe et du début du XXe sont réunis. Des impressionnistes (Manet, Monet, Pissarro, Degas, Renoir, Sisley) aux postimpressionnistes (Cézanne, Gauguin, Van Gogh, Toulouse-Lautrec) en passant par les Nabis (Bonnard, Vuillard), les Fauves et les Cubistes (Braque, Derain, Vlaminck), pour finir avec l’École de Paris (Modigliani) et enfin Picasso.

Edouard Manet, Le Suicidé, vers 1877 © SIK-ISEA, Zurich (J.P- Kuhn)

L’exposition est ordonnée de façon à comprendre chaque époque et pourquoi tel ou tel mouvement a plu au collectionneur. Sur les murs, on peut lire des fragments de citation qui éclairent sur la vision et la sensibilité de Bührle. Des pépites seront présentes au Musée Maillol, comme Le Garçon au gilet rouge de Cézanne (vers 1888/90) ou encore La danseuse de quatorze ans de Degas (vers 1880). La diversité des œuvres présentées souligne les liens et les filiations entre les courants artistiques. Construite de manière à bien comprendre chaque mouvement, on y voit les différences qui existent au sein de ces derniers ; l'exposition fait vite naître en nous l’âme d’un passionné d’histoire de l’art.


L’histoire de cette collection passionnante

Cette exposition a une histoire un peu particulière, parfois même sujette à controverse. Emil Bürhle a d’abord étudié l’histoire de l’art à Munich avant de découvrir la peinture impressionniste à Berlin en 1913. Comme beaucoup d’hommes de son âge, il passe quatre ans dans les tranchées puis épouse une fille de banquier et, en 1924, il est envoyé à Zurick à la tête d’une usine de machines-outils. Il devient en 1937 l’industriel le plus riche de Suisse en produisant des canons qu’il vend aux Anglais et aux Français puis… à la Wehrmacht. Après la guerre, il est devenu le symbole des compromissions honteuses.

Sur les 76 œuvres d’art qu’il achetées pendant la guerre, 13 seront considérées comme résultant d’une spoliation lors d’un procès en 1948. Cependant, il a toujours nié connaître la provenance plus que douteuse des œuvres et sa bonne foi a été reconnue par le tribunal fédéral suisse en 1951. Il restituera quatre œuvres et en rachètera neuf aux vrais propriétaires.

Aelbrt Cuyp, Orage sur Dordrecht vers 1645 © SIK-ISEA, Zurich (J.P- Kuhn)

À sa mort et sans testament, sa veuve distribua un tiers des œuvres à chacun de ses enfants et un autre à une fondation privée. Cette exposition est ce qu’on peut voir de plus complet dans le domaine de l’art de ces 100 dernières années. Des paysages de campagne, des bords de mer, des natures mortes ou des portraits, très réalistes ou cubiques, les couleurs et motifs s’enchainent, racontant à chaque fois un petit bout d’histoire.

Au musée Maillol
Du 20 mars au 21 juillet 2019
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