L’exposition femmes photographes de guerre renouvelle le regard photographique sur les conflits mondiaux

undefined 5 avril 2022 undefined 10h40

Bérénice H

Avec cette nouvelle exposition, le musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc - musée Jean Moulin continue d’explorer l’histoire en présentant les oeuvres de huit femmes photographes reconnues qui ont couvert 75 ans de conflits internationaux entre 1936 et 2011 : Lee Miller (1907-1977), Gerda Taro (1910-1937), Catherine Leroy (1944-2006), Christine Spengler (née en 1945), Françoise Demulder (1947-2008), Susan Meiselas (née en 1948), Carolyn Cole (née en 1961) et Anja Niedringhaus (1965-2014).

Des femmes dans un milieu d'homme

On traite souvent des inégalités salariales, mais la mixité des genres selon les métiers est un sujet qui reste dans l’ombre. En 2018, une étude du Centre d’Information et Documentation Jeunesse (CIDJ) montrait que seuls 17% des métiers étaient mixtes. Cette exposition fait exploser tous les stéréotypes et replace la femme au centre d'un sujet pourtant universellement masculin : la guerre. Elle questionne ainsi la notion de genre, interroge la spécificité du regard féminin sur la guerre, bouscule certains stéréotypes, montre que les femmes sont tout autant passeuses d’images que témoins de l’atroce. Sur les fronts depuis près d’un siècle, elles prennent des images sans cacher l’horreur des événements. Dans les territoires de conflit, contrairement aux hommes, ces femmes ont souvent eu accès aux familles, dont elles ont réalisé des portraits particulièrement émouvants.


© Anja Niedringhaus/AP/SIPA, Des Marines américains font irruption au domicile d'un député irakien dans le quartier d'Abou Ghraib. Bagdad, Irak, novembre 2004 

Les différentes représentations de l'indicible 

La guerre est une atroce épreuve. Comment la représenter ? Par des détours pour préserver le spectateur ou au contraire en se servant de la brutalité du médium photographique pour choquer ?  Les approches de ces photographes alternent entre le maintien d’une distance objective, le constat et l’implication personnelle. Christine Spengler ne montre pas les corps calcinés mais les ruines de Phnom Penh, qui touchent le spectateur sans expliciter la cruauté de la scène. Les cadavres photographiés par Gerda Taro ou par Carolyn Cole à plus de 70 années de distance dérangent tout autant. L’approche de la première est frontale alors que la seconde donne un effet esthétique et calme à sa prise de vue. Catherine Leroy choisit la proximité immédiate avec son sujet et ses images interpellent.


© Carolyn Cole, Prisonniers irakiens après l'assaut d'un ancien poste de police à Kufa, en Irak, par des Marines américains.Ce poste servait de base à la milice du Mahdi.  Certains prisonniers ont déclaré avoir été pris en otage par ses troupes.  Koufa, Irak, août 2004 © Carolyn Cole / Los Angeles Times

Ces photographies parlent de conflits proches et lointains, dont certains semblent ne plus finir. Elles repositionnent la Seconde Guerre mondiale dans le contexte plus large des guerres du XXe et du XXIe siècle et montrent l’ancrage profond des affrontements qui secouent la planète. 

Femmes photographes de guerre
Musée de la Libération de Paris
Musée du Général Leclerc
Musée Jean Moulin

4, avenue du Colonel Henri Rol-Tanguy – 14ème

Jusqu'au 31 décembre 2022
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