3 choses à retenir de l\'expo Gauguin au Grand Palais

undefined 11 octobre 2017 undefined 18h43

Olivia

On a tous en tête les peintures exotiques de Gauguin, un peu moins ses céramiques, sculptures et objets, dessins ou encore blocs de bois. Dans cette nouvelle exposition, le Grand Palais retrace le parcours de cet artiste prolifique en explorant son processus créatif et cette volonté presque obsessionnelle de repousser les limites de chaque medium.

Difficile pour autant de ne pas faire le lien avec la polémique liée à la sortie du film de Deluc sur le caractère pédophile de sa relation charnelle avec une jeune fille de 13 ans, qui a d'ailleurs inspiré l'artiste pour de nombreuses œuvres présentées dans l'expo. Mais n'espérez pas non plus trouver trace de ce scandale dans l'exposition qui, en se penchant essentiellement sur les techniques de Gauguin, ne sera pas le lieu d'un débat sur la pédophilie. 

Voici donc les trois choses qu’on a retenues de cette exposition nourrie sur ce maître du XIXe siècle. 


"Une terrible démangeaison d’inconnu"

En 1889, Gauguin (1848-1903) confie dans une lettre adressée à Emile Bernard, « cette terrible démangeaison d’inconnu qui me fait faire des folies ». L’artiste révèle ainsi un besoin irrépressible d’exploration aussi bien dans son œuvre que dans sa vie. Se sentant complètement en inadéquation avec la société de l’époque, il cherche à s’évader et à déclencher « ce germe qui fera fructifier son art ». Il s’initie d’abord au dessin, puis à la peinture avec principalement des natures mortes où l’objet joue un rôle central, puis s’intéressera au corps. Il invente cette nouvelle pratique de « sculpture céramique », où l’artiste et le céramiste ne font plus qu’un. De Paris à la Bretagne, de Tahiti à Arles, il puise son inspiration dans chacun de ses voyages. Il y crée certaines formes ou personnages qu’il reproduira et déclinera au fur et à mesure de son œuvre. 

Arearea, musée d'Orsay, Paris


Passion tropicale

Pour satisfaire son « moi sauvage » et découvrir une société sans limite, il s’envole pour Tahiti pour la première fois en 1891. Mais le pays n'a rien à voir avec l'idée qu'il s'en faisait. Très vite déçu par les coutumes et traditions qui ont quasiment disparu, il s’inspire des livres et de photographies d'Européens, laissant l’abstraction prendre le pas. Dans Upaupa, on apprend que la scène de fête rituelle a probablement été imaginée car ce type d’événement est condamné pour son caractère obscène. Ses peintures illustrent l’atmosphère indolente, mystérieuse et spirituelle qui caractérise le pays après quelques mois vécus là-bas. C'est dans l’environnement unique de Tahiti que l’œuvre de Gauguin atteindra son aboutissement. 

Paul Gauguin (1848-1903), Ahaoe feii? (Eh quoi ! Tu es jalouse ?), 1892 © The Pushkin State Museum of Fine Arts, Moscou 


La Maison du Jouir, œuvre d’art totale

En 1901, deux ans avant sa mort, Gauguin s’installe dans l’archipel reculé des Marquises en Polynésie française. Il y construit avec des matériaux locaux sa maison-atelier qu’il nommera « La Maison du Jouir », une œuvre d’art dans son intégrité. L’artiste s’est inspiré des maisons maories en agrémentant le bâtiment de reliefs sculptés. Dès l’entrée de la maison sont réprésentés des atlantes exotiques, des femmes ou encore le profil du Dieu Taaroa. On peut y lire les maximes que l'artiste a inventées vers 1889 : « Soyez amoureuses, vous serez heureuses » et « soyez mystérieuses ». Il représente également des variations de personnages déjà représentés dans d’autres œuvres. Pour la première fois depuis sa mort, les éléments subsistants de cette maison sont ici représentés. Impressionnante, cette Maison du Jouir en partie reconstituée au Grand Palais est l'illustration de sa quête d’un âge d’or primitif.

Gauguin-grand-palaisPaul Gauguin (1848-1903), Soyez mystérieuses, 1890, Paris, musée d’Orsay © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Tony Querrec

Une immersion dans l'univers d'un artiste résolument moderne qui ravira tous les curieux ! 


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Grand Palais, Galeries nationales
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