5 choses à savoir sur l’expo de Houellebecq au Palais de Tokyo

undefined 24 juin 2016 undefined 00h00

Olivia

On ressort parfois d’une exposition un peu marqué, si ce n’est carrément secoué, et c’est souvent le cas après une visite au Palais de Tokyo. Pour l’été, le musée a un invité d’exception : Michel Houellebecq. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, il ne s’agit pas ici d’une exposition sur l’écrivain controversé, mais d’une exposition entièrement conçue par ce dernier. Avec Rester vivant, l’auteur nous immerge dans un univers fait de poésie, d’érotisme, d’amour, d’humour et bien sûr de pessimisme. A travers une série d’installations, de films, de peintures, de sons ou encore de photos – de lui ou d’artistes invités -, il nous emmène à la découverte de ses obsessions. Un voyage poignant.

 

1. On découvre Houellebecq sous un autre prisme

On connaît Michel Houellebecq pour sa plume, mais moins pour les photos qu’il réalise depuis le début des années 90. Grand connaisseur du monde de l’art, il côtoie dès ses débuts d’écrivain les artistes et les critiques d’art. « L'art est devenu un personnage permanent dans ses livres, à chaque fois les artistes apparaissent avec des remarques sévères et passionnées », nous explique Jean de Loisy, Président du Palais de Tokyo. Intitulée "Rester vivant", l’exposition porte le même titre que l’un des livres de Houellebecq et pourrait s’apparenter à « un recueil de poèmes », selon Jean de Loisy. « C’est une métaphore de ce que Houellebecq attend de l'amour et de la poésie » confie t-il.

On commence l’exposition accueillis par une photo, prise de la fenêtre de Houellebecq, sur laquelle on peut lire « Il est temps de faire vos jeux », une phrase extraite d’un de ses poèmes, La Mémoire de la mer. Ce cliché pris de nuit ou de jour – l’auteur ne sait plus très bien lui même – représente un ciel de banlieue. Dans le magazine du Palais de Tokyo, Houellebecq évoque le caractère énigmatique de cette photo, « la pensée sous-jacente est que les nuages sont des forces en présence. Une espèce de conflit en cours dans le ciel qui impliquerait que l’on prenne position ». S’ensuit une série de photos, d’installations mêlant humour et regard acerbe sur notre société.

 

2. Houellebecq nous parle de tourisme

Après un parcours assez sombre, on découvre une salle surprenante dédiée au tourisme, thème prégnant dans de nombreux livres de l’auteur. « C’est un choc le tourisme, c’est un choc dans ma vie, que j’ai connu très tard », confie-t-il. On marche sur un sol uniquement composé de sets de table touristiques, « ceux que l’on trouve dans ces villes de taille moyenne avec une petite industrie touristique », et on est entourés de tirages immenses qui envahissent l’espace. « Le but étant de saturer au maximum, que ce soit pénible, que les couleurs soient criardes. La saturation va bien, je trouve, avec le tourisme », explique Houellebecq. Un son d’annonces faites dans les parcs à thème résonne dans le fond.

 

3. Houellebecq nous parle de poésie

Invité par Houellebecq, l’artiste Robert Combas a réalisé une série de peintures à partir des poèmes de l’auteur dans Rester vivant. Les tableaux fonctionnent en diptyque avec l’image d’un côté et le poème de l’autre, ou alors le texte est mêlé à l’image. Au milieu de ces œuvres trône une salle mystérieuse, réplique d’une pièce au sein de l’atelier de Robert Combas dans laquelle personne n’a le droit d’entrer. Véritable refuge, elle renferme la vie intime du peintre. Le sol est entièrement recouvert de détritus, on y trouve des images porno, des vinyles et d’autres choses. Pour Houellebecq, cette salle représente « une bombe d’énergie qui est le ressort de la créativité, elle représente les secrets à partir desquels la poésie se fabrique », nous explique Jean de Loisy.

 

4. Houellebecq nous parle de désir

Dans une salle consacrée à l’érotisme, on découvre une série de photos de femmes nues – les les seuls êtres humains que l’on verra de toute l’expo. On y voit des photos de modèles, mais aussi d’une femme qu’il a connue. Dans cette salle dont la scénographie a été confiée au couturier Maurice Renomma, Houellebecq aborde le thème de l’érotisme comme « moment de consolation de la vie, car la vie est une souffrance », nous explique Jean de Loisy. Mais selon l’auteur, « la société a organisé l'érotisme comme une célébration exagérée des corps, créant cette compétition narcissique qui fait que l’on arrive très peu à ce plaisir, finalement », poursuit-il.

 

5. Houellebecq nous parle d’amour

On finit par retrouver Clément, le chien défunt de Houellebecq, et incarnation pour l’auteur de l’amour absolu. Des jouets, des aquarelles réalisées par Marie-Pierre son ex-femme, et un diaporama des photos de l’animal défilent pendant qu’Iggy Pop chante une série de poèmes de l’auteur. « Houellebecq parle du chien comme d’une machine à aimer », nous explique Jean de Loisy. « Le bienfait de la compagnie d’un chien tient à ce qu’il est possible de le rendre heureux ; il demande des choses si simples, son ego est si limité », écrit-il dans La Possibilité d’une île. C’est la salle la plus autobiographique, la plus personnelle de l’exposition. Elle « cristallise également la souffrance menant à l’acte artistique : les souvenirs, les mots, la poésie, la musique, l’image », commente le journaliste Yan Céh.

C’est dans l’avant-dernière photo que l’on trouvera la clef de l’exposition. On y lit « Nous habitons l’absence », un fragment de poème qui est, selon Jean de Loisy, « la clef de l'inquiétude houellebecquienne ». Voilà qui donne à méditer.

  

Rester vivant de Michel Houellebecq
Jusqu’au 11 septembre 2016
Palais de Tokyo
13, avenue du Président Wilson – 16e