Yves, une comédie pas si déjantée que ça

undefined 27 juin 2019 undefined 09h44

Louis Haeffner

Un film dont le héros est un frigo, avec William Lebghil et Philippe Katerine ? Ouais, ça peut être sympa, la proposition en tout cas est originale. Ça peut aussi très vite devenir n'importe quoi, et quelque part tant mieux... peut-être. On fait le point sur Yves, acclamé en clôture de la Quinzaine des Réalisateurs.


William Lebghil
incarne Jérem, un jeune loseur ayant récupéré la maison de sa grand-mère lorsqu'elle est morte, et qui y vit depuis, principalement de nourriture régressive et de porno. Il travaille sur son prochain album de rap, sous la pression toute relative de son impresario, incarné avec le flegme qu'on lui connaît par un Philippe Katerine peu concerné. Notre jeune rappeur accepte, dans le but de la séduire, la proposition de So (Doria Tillier, moyennement à son aise) d'adopter Yves, un réfrigérateur intelligent. Dès lors, sa vie va changer.  

Yves film critique

Oui, car en plus de gérer son alimentation, Yves va vite se montrer indispensable, jusqu'à ce qu'une véritable relation amicale naisse entre Jérem et son frigo. Si cela peut nous paraître quelque peu absurde ou surréaliste, il faut se rendre compte que par le biais de ce "personnage" frigorifique, Benoit Forgeard traite d'un sujet beaucoup trop peu porté à l'écran, alors qu'on s'y dirige tout droit : la cohabitation entre intelligence humaine et intelligence articficielle. Et même si Yves a surtout une vocation comique, il est fascinant de suivre l'évolution, après tout réaliste, de cette IA qui va finir par, en quelque sorte, dépasser son maître, et lui voler sa vie. 

Yves film critique

En poussant très loin le concept de la machine devenue trop intelligente, Benoit Forgeard s'enfonce courageusement dans l'inconnu et le loufoque, et propose dès lors une film à l'esthétique très soignée d'une très grande originalité ; il démocratise surtout une pensée vieille comme les premières nouvelles d'Isaac Asimov – qui se concentraient déjà à l'époque sur les relations humains-robots – et pose cette question, qui va devenir centrale dans les décennies à venir : une intelligence artificielle peut-elle être génératrice de sentiments ?

Yves film critique


Yves est donc loin de n'être qu'une simple comédie perchée, bien servie par des comédiens qu'on a l'habitude de voir dans ce genre de rôles ; c'est aussi et surtout une vision futuriste de l'évolution des rapports humains, et des nouvelles possibilités offertes par la technologie dans ce domaine également.