Silvio et les autres, éloge de la vacuité

undefined 2 novembre 2018 undefined 16h27

Louis Haeffner

Après Il divo, Paolo Sorentino s'attaque une nouvelle fois à l'appareil politique italien, cette fois-ci au travers de sa figure la plus controversée et la plus éclatante : Silvio Berlusconi. Le personnage même d'Il Cavaliere est tellement cinématographique qu'on se demande pourquoi ce film n'a pas vu le jour plus tôt. Une certaine forme de prescription, sans doute...


Ça commence avec beaucoup de belles femmes et de cocaïne. Sergio, un promoteur de soirée, veut voir plus grand et quitter le milieu étriqué des soirées de Tarente. Son plan : organiser une immense soirée avec plein de filles dans une villa de Sardaigne située en face de la propriété de Silvio Berlusconi. Peut-être qu'Il Cavaliere, attiré par la fête, le remarquera, et alors à lui la grande vie ! 

Silvio et les autres film critique

Le film se divise en trois parties, comme le nombre de fois où Berlusconi a été président du conseil. Dans la première, qui symbolise l'ascension, on nous montre une Italie patriarcale à l'extrême, où le seul pouvoir que les femmes peuvent acquérir, c'est celui que leur attrait physique leur donne sur les hommes. Drogue, fête et prostitution, il n'est question quasiment que de ça pendant la première heure du film, ce qui permet à Sorentino de développer une mise en scène très proche de celle d'un clip des années 90, ma foi très agréable à regarder, mais également très satirique par sa grandiloquence. La deuxième partie est centrée sur Silvio, sur son caractère de séducteur et de beau parleur un brin puéril, sur la fascination irrépressible qu'il génère chez tous ceux qui le côtoient. C'est tellement bien fait et Toni Servillo est tellement bon qu'on est, nous aussi, aimantés par le charisme incroyable du personnage. La dernière partie, assez courte, c'est la chute : elle asseoit le propos politique de Sorentino qui culmine dans un dialogue musclé entre Silvio et sa femme Veronica.

Silvio et les autres film critique

Plus qu'un biopic pop et à charge, Sivlio et les autres, qui ne parle finalement que très peu de politique, se regarde comme le portrait d'une Italie impressionnable qui a choisi de se reposer sur un personnage aussi grotesque que les farces et blagues qu'il avait coutume de faire lors des sommets mondiaux. Malheureusement, quand la fête se termine, ne reste que la vacuité d'une vie passée à bâtir sur des apparences, à faire des promesses qui ne seront jamais tenues, à construire une fortune sur le dos des bonnes gens. « L'altruisme est le meilleur moyen d'arriver à l'égoïsme », comme le répète à Silvio son plus proche associé.  

Silvio et les autres film critique


Avec Silvio et les autres, Sorentino continue d'explorer les thèmes préférentiels de son cinéma : l'éphémère, la beauté féminine, la vieillesse et finalement le vide de l'existence. Mais grâce à Slivio Berlusconi, il parvient à mettre tous ces thèmes non pas dans un film, mais dans une seule personne, aussi critiquable que fascinante.