Nous finirons ensemble... ouais, enfin pas si sûr

undefined 17 mai 2019 undefined 09h53

Louis Haeffner

Et voilà, ce qui devait arriver arriva. Guillaume Canet a fini par sortir la suite de son plus gros succès, Les petits mouchoirs. C'est donc muni de ma conscience professionnelle d'un côté, et d'un a priori personnel négatif de l'autre, que je m'infligeai le visionnage de Nous finirons ensemble. Il faut bien faire le taf...


C'est donc avec un plaisir d'abord tout relatif – pour ne pas dire inexistant – qu'on retrouve la bande des Petits mouchoirs, 9 ans après. Ils ont vieilli, certains ont des enfants, d'autres ont trouvé l'amour, enfin bref, leurs situations personnelles ont évolué quoi. L'occasion des retrouvailles ? L'anniversaire de Max (François Cluzet), toujours aussi psycho-rigide et cette fois en pleine dépression, oscillant entre paranoïa aiguë et désespoir sincère. Sans qu'on nous en communique exactement les raisons, il semble que le groupe ait connu un clash il y a de cela trois ans, et que Max n'ait parlé à personne depuis. C'est donc avec une surprise qui va vite tourner à l'aigreur qu'il les reçoit dans sa maison de la baie d'Arcachon...

Nous finirons ensemble film critique

Le malaise désormais bien installé, il n'y a pas de raison, semble-t-il, pour qu'il quitte le métrage de sitôt. On aurait même presque l'impression que Canet prend un malin plaisir à l'entretenir, au risque d'en faire jusqu'à la substance constitutive de son film. Heureusement quelques moments de franche rigolade viennent entrecouper cette ambiance un brin tendue, comme lorsque Nassim, le pote ésotérique de la bande, offre un tabouret permettant à Max de relever ses jambes et d'ainsi adopter la meilleure position pour aller à la selle. Bon, j'avoue, c'est pas la meilleure vanne, mais je mets au défi quiconque d'en trouver de vraiment bonnes, des nombreuses humiliations subies par Antoine (Laurent Lafitte) à l'alcoolisme notoire et peu amusant de Marie (Marion Cotillard), en passant par le mépris de classe qu'Éric (Gilles Lelouche) réserve à sa nourrice. 

Nous finirons ensemble film critique

Dieu merci, l'émotion pénètre enfin la fin du film, comme un producteur américain le ferait avec une starlette aux dents longues, ou comme je viens de le faire avec cette comparaison plus qu'hasardeuse : sans aucune finesse. Tout s'arrange évidemment, et les problèmes d'argent de Max sont finalement effacés par l'amour fraternel que lui vouent ses "potes" de toujours, et par le souvenir fantomatique d'un Jean Dujardin rieur dont l'ombre n'aura que très peu plané sur le récit. Pourquoi, dès lors, en faire la clé de voûte de tout ce délire ? Pour convoquer, encore, le premier film et rappeler au spectateur pourquoi il est venu : observer les mécanismes se voulant universels d'une amitié simple, mais qui au final ne représente qu'un triste et cynique versant de ce noble sentiment.

Nous finirons ensemble film critique


Il semble donc que Guillaume Canet ait voulu faire de cette suite quelque chose de peut-être plus réaliste et cynique que le premier volet, un poil naïf et dégoulinant de bons sentiments, c'est peu de le dire. C'est réussi, mais peut-être un peu trop, et le malaise l'emporte finalement sur le plaisir, pourtant affleurant, de retrouver la bande enjouée des Petits mouchoirs