Moi, Tonya : quand la réalité dépasse la fiction

undefined 28 février 2018 undefined 09h46

Louis Haeffner

Margot Robbie a débarqué sur nos écrans en 2013 dans Le Loup de Wall Street aux côtés de Leonardo DiCaprio. Déjà très convaincante, on avait vite décelé chez elle un potentiel assez dingue, confirmé par sa performance hallucinante dans le navet Suicide Squad, dont son personnage de Harley Quinn fut le seul point positif. En incarnant la patineuse Tonya Harding, elle trouve enfin un rôle à sa mesure et éclabousse de sa classe un film au demeurant très réussi. 


Fin 80's début 90's, Tonya Harding domine la scène du patinage artistique américaine. Elle se classe 4e aux jeux olympiques d'Albertville en 1992, un an après avoir remporté les championnats des États-Unis et s'être classée deuxième aux championnats du monde. Malgré un style peu apprécié de la fédération sportive américaine et des problèmes personnels toujours plus difficiles à surmonter, elle décide de participer aux JO de 1994 à Lillehammer. Six semaines avant les jeux, sa principale concurrente Nancy Kerrigan est agressée et blessée au genou. Tonya et son mari sont soupçonnés. C'est cette histoire incroyable et pourtant vraie que Moi, Tonya nous raconte, avec un style aussi peu conventionnel que celui de son héroïne. 

Moi, Tonya film critique

Le film s'ouvre sur une Tonya Harding en veste en jean, permanente et clope au bec dans sa cuisine, face caméra. C'est elle qui raconte l'histoire, du moins cette première partie, puisque ce procédé sera repris plusieurs fois au cours du film avec d'autres personnages, alternant ainsi les narrateurs entre Tonya, son mari Jeff, sa mère et un journaliste un peu raté ayant visiblement abusé de l'autobronzant. On comprend bien ici la volonté de Craig Gillespie de dissocier les différentes versions de l'histoire pour montrer que le concept de vérité est forcément subjectif, et on sent poindre la satire médiatique, qui sera d'ailleurs confirmée plus frontalement plus tard dans le film. 

Moi, Tonya film critique

Grâce à ce genre de "trucs" et plein d'autres (les scènes de patinage en compétition, par exemple, sont sublimes, d'un dynamisme et d'un esthétisme déments), la réalisation bénéficie d'une veine à la fois technique et punk, et constitue dès lors un écrin parfait à la performance exceptionnelle de Margot Robbie. L'actrice s'en donne à cœur joie avec ce personnage qui semble taillé pour elle, une femme forte et indépendante, un personnage complexe, comme les autres figures de cette histoire d'ailleurs, entre un mari fou amoureux qui la battait et une mère dure et froide, qui fera pourtant tout pour l'amener au plus haut niveau. Je vous laisse la surprise du garde du corps débile et paranoïaque, c'est le genre de choses que l'on savoure mieux sans qu'elles nous soient dévoilées. 

Moi, Tonya film critique


Grâce à une mise en scène originale, rythmée et punk, à l'image de son personnage éponyme, Moi, Tonya réussit son coup à tous les niveaux : l'histoire vraie qui nous est contée fascine en présentant une galerie de personnages à la fois drôles et touchants, souvent à la limite du ridicule, et on a envie de jeter des fleurs à Margot Robbie. Les juges délibèrent... et c'est un 6/6 !