Les Veuves, enfin de vraies femmes fortes au cinéma !

undefined 29 novembre 2018 undefined 11h23

Louis Haeffner

Après l'excellent 12 Years A Slave en 2014, Steve McQueen revient dans un style surprenant avec un thriller, sans toutefois se départir des constantes thématiques qui imprègnent son cinéma. Une fois encore, l'exercice est réussi haut la main, pour le plus grand plaisir du spectateur. Allez, je vous raconte.


À Chicago, de nos jours, quatre hommes meurent dans l'explosion de leur fourgon, canardé par la police, lors d'un braquage. Avec eux, une importante somme d'argent part en fumée. Plusieurs problèmes se posent alors, qui vont vite se rejoindre : ces quatre hommes étaient mariés, et laissent derrière eux quatre femmes livrées à elles-mêmes ; l'argent perdu appartenait à un caïd local, Jamal, qui l'avait prêté à Harry Rawlins, la tête pensante de l'équipe de braqueurs. Or Jamal, qui se lance en politique, veut récupérer cet argent à tout prix. Il va laisser un mois à Veronica Rawlins pour combler les dettes de son défunt mari. Celle-ci va donc se mettre en contact avec les autres veuves, et élaborer un plan d'action.

Les Veuves film critique

Une fois n'est pas coutume, Steve McQueen met en scène des personnages maltraités par la société, qui partent, si on peut dire, avec des tares, dans un environnement qui leur est hostile. Ici, nos quatre héroïnes, Veronica en tête, sont non seulement des femmes mettant sur pied un braquage, milieu plutôt réservé aux hommes, mais plus encore, deux d'entre elles sont afro-américaines, une autre immigrée polonaise et la dernière est latino-américaine. Mais si les veuves partent avec un handicap, disons, social, elles sont aussi douées d'une intelligence qui leur permettra de surclasser la force physique qui leur est opposée. McQueen compose ainsi des personnages de vraies femmes fortes, avec leur finesse, leur sensibilité et leur courage pour armes véritables. 

Les Veuves film critique

Cependant, la résolution de l'intrigue de base – la réussite du braquage – n'est de loin pas le seul arc narratif du film. Bien au contraire, il sert de toile de fond pour l'évocation toute anecdotique mais extrêmement efficace des vrais sujets qui occupent notre réalisateur. Le travail fait sur la psychologie des personnages, notamment celui de Veronica, interprétée avec brio par Viola Davis, mais aussi les quelques saillies humoristiques contenues dans les dialogues et le cadre spatio-temporel du récit, permettront à Steve McQueen d'évoquer, entre autres, les violences policières, la place de la femme dans la société patriarcale, la corruption ou encore le communautarisme de banlieue. Tout ça en même temps, oui, et amené avec une intelligence rare.

Les Veuves film critique


Les Veuves
, c'est donc avant tout un film très intelligent. Si la trame de base est celle d'un thriller, le film mélange à merveille les genres en introduisant des personnages féminins forts et complexes, et se permet aussi d'aborder avec une grande finesse des sujets sociétaux aussi graves que contemporains. Echec et mat.