Les Invisibles : c\'est sympa, et c\'est peut-être dommage

undefined 14 janvier 2019 undefined 11h03

Louis Haeffner

Il est des sujets dont on sait immédiatement qu'ils vont trouver un écho dans le cœur du public. Ainsi, en France, vous pouvez être quasiment certain qu'en parlant des femmes SDF et des travailleuses sociales qui leur viennent en aide, vous planterez une flèche dans le cœur des spectateurs. Les Invisibles ne fait pas autre chose. 


L'Envol, centre d'accueil de jour pour femmes SDF, va fermer, faute de résultats chiffrés. En effet, si les femmes qui y font la queue à l'ouverture tous les matins se sentent encadrées et à l'aise dans cette petite communauté, c'est peut-être un peu trop le cas, puisque aucune d'elles n'a encore véritablement réintégré la société. Devant l'urgence de la situation, les travailleuses sociales vont tout mettre en œuvre, quitte à tricher un peu avec la réalité, pour redonner à ces femmes leur confiance perdue. 

Les Invisibles film critique

Pour incarner ces héroïnes du quotidien, ces femmes-courage prêtes à sacrifier leur vie personnelle pour le bien de leurs "copines" à la rue, Louis Julien-Petit a fait appel à quatre actrices plutôt discrètes mais très talentueuses. On retrouve ainsi Audrey Lamy, Corinne Masiero, Déborah Lukumuena et Noémie Lvovsky aux prises avec de "vraies" femmes SDF – c'est-à-dire pas des actrices mais des femmes vivant effectivement dans la rue, pour de vrai – affublées de noms de chanteuses ou d'actrices célèbres. 

Il est des sujets dont on sait immédiatement qu'ils vont trouver un écho dans le cœur du public.

Petit à petit et par la force des choses, nos quatre courageuses travailleuses sociales parviennent à tirer de chacune le meilleur d'elle-même, et à leur rendre la dignité et la fierté qui les animaient autrefois. Bien sûr, tout cela ne se fait pas sans larmes ni sans rires, et le métrage offre invariablement une histoire "feel good" (je hais cette expression) à son public, qui aura bien rigolé des situations cocasses engendrées par la confrontation et le décalage évident entre les personnages résident à l'Envol et ceux issus de la société civile active. 

Les Invisibles film critique

Et c'est là, je trouve, que le bât blesse. En effet, si l'idée de montrer et donc de dénoncer la galère vécue d'une part par les travailleurs sociaux en général et de l'autre, de manière évidente, par les femmes SDF en particulier, et si l'incorporation de vraies femmes démunies au casting pour jouer leurs propres rôles semble générer beaucoup de joie de part et d'autre de la caméra, la volonté de faire de cette histoire commune mais invisible une comédie populaire plutôt légère me dérange un peu.

Les Invisibles film critique


Les Invisibles
se présente donc comme une comédie populaire agréable et sympathique. Alors oui, je suis chiant et rabat-joie, mais un tel sujet ne mérite-t-il pas un traitement un peu moins superficiel ? La question est posée...