Le Monde est à toi, un clip d\'une centaine de minutes sans grand intérêt

undefined 21 août 2018 undefined 15h52

Louis Haeffner

Bénéficiant d'une hype bien naturelle au vu du casting et de sa bande-annonce tous deux plutôt canons, Le Monde est à toi, deuxième film de Romain Gavras, se pointait sur nos écrans plein de promesses alléchantes et des attentes au tournant qui vont avec. On fait le bilan calmement, et après visionnage, évidemment.


Les anciens – j'entends par là les trentenaires, eh ouais, désolé les amis – comme moi se rappellent certainement avec nostalgie de Romain Gavras comme l'un des instigateurs du génial collectif Kourtrajmé, des frères Wanted et de Vincent Cassel en guest permanent de leurs vidéos franchement tordantes. Rien de surprenant donc à ce que l'histoire que nous raconte cette fois le complice de Kim Chapiron se déroule entre une cité parisienne et une cité balnéaire espagnole, destination de vacances apparemment prisée par l'intégralité des cailleras d'Europe. 

Cassel est toujours là, en repris de justice limité et amoureux fou de la mère de notre héros, incarnée par une Isabelle Adjani très inspirée. C'est à Karim Leklou qu'échoit le rôle de François, un dealer de quartier dont le projet de vie est de développer la franchise Mr Freeze au Maghreb pour entrer dans la légalité et vivre tranquille dans une maison avec piscine. Évidemment rien ne se passera comme prévu, et François, en bon loseur que sa mère étouffe, va se laisser entrainer dans une série de coups pendables dont il aura tout le mal du monde à se dépêtrer.

Le Monde est à toi film critique

À ses côtés, une galerie de personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres – de la jeune pickpocket aux dents longues qu'il convoite aux deux Mohammed accros à Périscope en passant par le passeur de migrants mégalo (François Damiens, dispensable) – mais qui manque cruellement de profondeur sert un scénario qui semble pensé uniquement comme le cadre nécessaire à une succession de ralentis stylisés façon clip de PNL. 

Le Monde est à toi film critique

Ça aurait pu super bien fonctionner si le film avait été drôle, ou tragique, ou même émouvant, mais malheureusement, il ne se dégage absolument rien de ces superbes plans, et c'est alors une incidieuse sensation de gâchis qui nous envahit. Quant à l'idée de mixer le côté ringard et populaire des vieilles chansons de Voulzy ou Balavoine avec l'urbanité et le bling-bling du banditisme de quartier, ça rend bien, mais c'est un poil déjà vu. 

Le Monde est à toi film critique


Le Monde est à toi
rappelle donc immanquablement et malheureusement le glorieux passé de clipeur de son réalisateur, et faillit à sa mission première, celle d'un film qu'on attendait drôle, enlevé, éclatant. Ne restent que les belles images et une chouette bande originale. Un bon clip quoi.