Il y a longtemps que je n'avais pas été si chaud à l'idée d'aller regarder une comédie française. La responsabilité en incombait à une bande-annonce vue une bonne dizaine de fois mais qui me faisait toujours autant rire, et à mon amour pour les deux comédiens principaux, Adèle Haenel et Pio Marmai. Résultat ?
Yvonne est une jeune inspectrice de police dont le mari, tué en service deux ans plus tôt, est considéré comme un héros local. En revenant de la cérémonie donnée pour l'érection d'une statue à l'effigie de ce dernier, elle découvre par hasard qu'il était en fait un ripou de haut niveau, ce que son ancien équipier Louis, secrètement amoureux d'Yvonne, ne réussira pas à lui cacher plus longtemps. Bouleversée et à la recherche d'une certaine forme de rédemption, elle va s'attacher à Antoine, jeté en prison 8 ans plus tôt par le capitaine Santi pour un braquage de bijouterie qu'il n'avait pas commis. Mais la prison, ça vous change un homme...
On le voit avec ce court synopsis, le registre n'est pas celui d'une comédie de mœurs ou d'une tragi-comédie, genres tristement surexploités par le cinéma français institutionnel. Non, on se situe ici plutôt dans une comédie d'action du genre de celles qui furent très en vogue aux États-Unis dans les années 80-90, saupoudrée de d'un peu de romantisme et d'une bonne dose de burlesque. Chez Salvadori, les braquages se font en combinaison de latex de style sado-maso, les quiproquos transforment Yvonne, inspectrice de police, en prostituée, et quand Antoine ne peut pas payer l'addition, il brûle le restaurant ; l'humour de répétition règne en maître et les gags visuels le disputent aux répliques bien senties. Tout ça est donc extrêmement distrayant.
Vous l'aurez compris, le réalisateur ne fait pas dans la demi-mesure et adopte un style très original, du moins pour cette période de l'histoire du cinéma et de ce côté de l'Atlantique. Grand bien lui en fasse d'ailleurs, car si En liberté ! n'est pas non plus hilarant du début à la fin (ça met une plombe à démarrer, par exemple), le film a le grand mérite de ne pas se prendre au sérieux et de laisser beaucoup de place à la digression, à l'improvisation et, par moments, à une sorte de lyrisme poétique plutôt bienvenu, notamment en fin de métrage.
Pierre Salvadori nous régale donc avec un film dont on retiendra surtout le côté burlesque et la grande originalité formelle. Et si le film porte un tel nom, il est clair que le clin d'œil est dirigé vers nous, spectateurs, qui auront pris un grand plaisir à voir évoluer ses personnages avec une grande... liberté.