Diamantino : le footballeur professionnel, un freak décérébré ?

undefined 28 novembre 2018 undefined 10h09

Louis Haeffner

Diamantino est un film étrange, ce qu'on pourrait appeler un ofni (objet filmique non identifié). On y suit le quotidien surréaliste d'une star mondiale du football ressemblant étrangement à Cristiano Ronaldo, et le moins que l'on puisse dire, c'est que le bonhomme mène une vie différente de la nôtre. 


En pleine finale de Coupe du Monde, les visions roses et vaporeuses qui donnent à Diamantino son talent sur le terrain l'abandonnent. Il loupe son penalty, et tombe ainsi immédiatement en disgrâce auprès de tout un peuple. Son père, qui était son premier supporter et son manager, fait un infarctus. Voilà notre footballeur seul, à la merci de ses deux sœurs jumelles qui ne voient en lui qu'un moyen de se faire un max de fric. Elles ont d'ailleurs passé un accord avec une agence médicale gouvernementale pour le moins étrange sur le principe de prélever les gênes de leur frère dans le but de créer une équipe de clones invincible. Dans le même temps, Diamantino prête son image pour une publicité commanditée par le parti extrêmiste nationaliste. Ajoutez à cela le fait que Diamantino décide d'adopter un petit réfugié africain qui est en fait une espionne infiltrée ayant pour mission de trouver des preuves de fraude fiscale chez lui, et vous obtenez le scénario de film le plus improbable depuis... depuis... en vrai, c'est le truc le plus WTF que j'ai jamais vu. 

Diamantino film critique

Difficile, dès lors, d'apporter une critique ordinaire à l'œuvre insolite de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt. Si le milieu du football professionnel reste opaque et inatteignable pour nous, pauvres mortels, la figure du footballeur est elle sujet de tous les fantasmes, et constitue donc un réel et fascinant motif cinématographique. On se demande d'ailleurs pourquoi ce thème, si présent dans nos sociétés contemporaines, ne trouve que si rarement de traitement au cinéma. Quoi qu'il en soit et pour revenir dans le vif du sujet, dire que le footballeur est présenté dans Diamantino comme un être dépourvu d'intelligence et de la moindre culture relèverait du doux euphémisme. 

Diamantino film critique

L'angle adopté par les deux réalisateurs est cependant très intéressant : Diamantino est en fait une victime de son manque d'instruction et de la bulle dorée dans laquelle il a vécu jusqu'à présent, puisque tout le monde cherche à exploiter son image, à des fins qui n'élèvent pas la nature humaine, c'est le moins qu'on puisse dire. Dans un monde où il n'est plus idolâtré, le footballeur star est totalement perdu et désœuvré, et associe sa notoriété à de mauvaises causes, faute de conseils. On sent donc poindre un début de satire sociale, qui ferait de la starification une déshumanisation, mais malheureusement, le schéma narratif, la réalisation et le jeu des acteurs sont tellement second degré qu'on a du mal à croire à la moindre tentative d'interprétation sérieuse. Le problème, c'est que l'ensemble n'est ni très drôle, ni véritablement émouvant, et qu'on assiste donc à quelque chose dont l'aspect pathétique semble devoir être la seule raison d'exister, malgré quelques moments de grâce visuelle. Étrange, et très misanthrope, au final.

Diamantino film critique


Diamantino
peut donc se targuer d'être le film le plus perché que vous verrez cette année, mais son message reste assez obscur. Peut-être s'agit-il simplement de dénoncer l'absurdité de notre monde en s'attardant sur l'absurdité d'une de ses plus grandes stars ? Pourquoi pas, après tout...