Après la sortie de la partie 1 en octobre 2018, la seconde partie des Nouvelles aventures de Sabrina a vu le jour dès le 5 avril. Au terme du visionnage, on distingue aisément une ligne motrice… On vous explique.
Dans l’idée, quand il est question des Nouvelles aventures de Sabrina, on pense magie, Satan, love stories, dramas, Salem et tout ce qui va avec. En effet, la première partie de la série avait permis d’établir une distance avec la sitcom Sabrina, l’apprentie sorcière diffusée au début des années 2000. La version née en 2018, elle, est plus noire mais directement inspirée du contenu des comics originels. Nous y suivons une Sabrina partagée entre sa vie de mortelle et celle de sorcière l’amenant à fréquenter une école spécialisée et promettre dévotion à Lucifer.
Toutefois, on ne s’attendait pas vraiment à être confronté à un plaidoyer féministe. Et pourtant, la deuxième partie de la série brille par son caractère implicitement militant. Ça nous plaît et on vous en parle.
Des personnages manichéens mis au service de la dénonciation
Dès la partie une, nous n’avions eu aucun mal à saisir que le Père Faustus n’était pas un des good guys. Cela dit, son caractère misogyne, bien que présent, n’avait pas été mis au premier plan. Dans le cadre de la deuxième partie, ce trait devient emblématique de son personnage et, tout au long des épisodes, il devient le porteur des ressorts les plus sexistes que le monde ait à offrir.
Le parti-pris féministe installé s’appuie effectivement sur les rouages de ses névroses. Il déclare de manière claire que les sorcières devraient être assignées à l’exécution de magie qui leur conviendrait plus, liée à la fertilité notamment, en laissant aux hommes les plus maîtrisées. De Zelda, il fait une femme décorative qu’il assigne à servir du thé et à fermer sa bouche lors de discussions entre hommes. Ses discours sont portés par tout un cercle masculin désigné comme la "Judas Society".
Si l’ennemi permanent de la série est normalement identifié en la personne de Lucifer – qui cherche à mettre la main sur Sabrina –, dans la partie 2, la misogynie devient le mal à combattre. La menace que Faustus et ses suiveurs puissent installer leurs préceptes est celle à craindre. Bien que le cadre soit fantastique, le message puise sa force dans le véritable contexte social contemporain.
De cette manière, le dernier épisode offre une scène qui fait résonner en nous les échos du mouvement #metoo. Hilda y est confrontée aux avances et gestes déplacés d’un homme de pouvoir, souhaitant lui soutirer des avantages contre un service.
Dans la même lignée, les inégalités au sein des lycées sont abordées avec le personnage queer de Suse – devenue Théo – désirant faire partie de l’équipe de basket de l’établissement. Or, les filles ne peuvent intégrer ces équipes exclusivement masculines. Un principe que la série pointera du doigt : de quoi laisser quelques idées dans les esprits quant à des configurations encore et toujours installées.
Une trame narrative qui mène à l’ascension des femmes [SPOILERS]
Jusqu’ici, nous nous sommes contentés d’évoquer des scènes sans résonnance directe avec le dénouement. Mais, ma foi… Si vous n’avez pas achevé l’intégralité des 9 épisodes, arrêtez-vous ici !
Car, si la partie 2 s’adonne à la dénonciation de comportements sexistes et d’inégalités entre sexes et genres, elle aboutit tout de même à l’ascension des femmes. Chaque personnage masculin représentant une suprématie est détrôné par une des héroïnes. Zelda prend la place de Faustus en tant que grande Prêtresse, Hilda tue le membre du Conseil qui cherche à abuser d’elle et Sabrina se lie à Lilith pour faire tomber Satan. Cette dernière prend donc la tête des Enfers à la place de son amant.
À terme, les femmes triomphent sur les hommes qui cherchaient à les assujettir. La prise de pouvoir n’est pas spécifiquement due à la force de leur magie, mais bien aux alliances formées et la ruse dont elles font preuve. À la manière de l’élévation d’un mouvement commun visant à lutter contre cette mainmise que l’on veut poser sur lui. Un mouvement qui fait du bien et que l'on peut assimiler à la vague féministe actuelle.
Une suite qui le sera tout autant ? [SPOILERS]
Le final de la seconde partie est donc sous le jour des femmes au pouvoir. La troisième partie s’ouvrira donc sur ces mêmes figures de femmes aux postes qu’elles ont acquis. La voie du féminisme devrait alors poursuivre de plus bel. Cela dit, la menace de l’hégémonie de la misogynie demeure. Faustus n’a pas disparu, mais est seulement en fuite. Satan est scellé dans un autre corps, et le Conseil sera amené à enquêter sur la disparition d’un de ses membres…
Mais bon… Comme on leur fait confiance aux bad ass du show, on ne doute pas d’elles une seule seconde pour l’avenir.