La lutte des classes, une comédie sociale à la française réussie

undefined 4 avril 2019 undefined 12h00

Louis Haeffner

Avec un titre pareil et un duo Edouard Baer en blouson noir/Leïla Bekhti en robe d'avocat, on pouvait s'attendre au pire. C'était sans compter sur la finesse d'esprit de Michel Leclerc, qui nous régale avec cette comédie sociale à la française réussie, pleine de bons sentiments mais sans que ça déborde. 


Le film démarre sur une première situation comique, très révélatrice de ce qui va suivre : Paul et Sofia vendent leur appart' parisien pour acheter une maison à Bagnolet, où Sofia a grandi. Seul problème, l'agent immobilier leur annonce que le prix de leur appart' a doublé en 10 ans. Outré, Paul refuse absolument de faire une telle plus-value, fustigeant un système absurde qui met les gens dans la rue. Ils finiront quand même par le vendre au prix du marché, et s'installent dès lors dans leur pavillon de banlieue rêvé. À l'école, leur fils connaît quelques difficultés avec certains de ses camarades, et le niveau général de l'établissement inquiète quelque peu notre couple bobo. Corentin devrait-il rejoindre Saint-Benoit, comme beaucoup de ses anciens camarades ? 

La lutte des classes film critique

Voilà donc la question centrale qui habite le film, et qui permet à Michel Leclerc d'évoquer tout un tas de sujets gravitant autour : école publique ou école privée, quelle meilleure éducation pour nos enfants ? À partir de là, il sera donc question, en vrac et dans le désordre, d'éducation évidemment, de mixité, de politique, de déterminisme social, de religion, du couple, d'amour de jeunesse, de discrimination positive, de jardins partagés et de sodomie papale. J'ai dû en oublier ou en rajouter, mais là n'est pas l'important car ce qui compte, c'est la grande intelligence avec laquelle Michel Leclerc traite ces questions si déterminantes dans la société française contemporaine.

La lutte des classes film critique

Jamais lourd, souvent hilarant et toujours juste, le propos est, dans le fond, politique, mais finement amené par le biais de situations cocasses et de dialogues savoureux. La lutte des classes est donc une véritable comédie, où l'on rit de bon cœur et très souvent, et laisse loin derrière l'apsect militant du concept marxiste éponyme pour en donner une interprétation moderne et légère. En politique, ça s'appellerait une "belle opération de communication", mais ici on parlera juste d'une très bonne comédie française, bien servie par des comédiens – Edouard Baer en tête – qui trouvent le ton juste et parviennent à donner coprs à des personnages qui auraient pu paraître trop caricaturaux. 

La lutte des classes film critique


En s'attaquant de front au problème de la mixité dans l'éducation nationale, Michel Leclerc ouvre son propos à quelque chose de plus large et d'indicible, qui imprègne notre société et la rend si fascinante. Il livre dès lors un film à la fois drôle et politique, porteur d'un espoir tout sauf naïf.
 Ça fait du bien.