Call Me By Your Name, l\'été où tout a basculé

undefined 6 mars 2018 undefined 13h06

Louis Haeffner

On se souvient tous de notre premier amour, de ces quelques semaines idylliques où nos pieds ne touchaient plus le sol et où tout autour de nous avait le visage de l'être aimé. Bien des films ont été faits sur ce miracle qui nous définit en tant qu'humains, mais très rares sont ceux qui reproduisent aussi bien que Call Me By Your Name la magie de cette période indélébile. 


A l'été 1983, Elio passe ses vacances, comme tous les ans, dans la villa familiale, quelque part en Italie. À 17 ans, il a reçu de ses parents une éducation aimante et une instruction classique très poussée. Il passe donc le plus clair son temps à lire, jouer du piano, transcrire de la musique, mais aussi à flirter avec son amie Marzia. Elio est beau, jeune, drôle, il parle couramment trois langues et se trouve comme un poisson dans l'eau en la compagnie d'universitaires et autres chercheurs que ses parents fréquentent. D'ailleurs son père, sacrifiant à la tradition de recevoir chaque été un étudiant pour l'aider dans ses recherches, accueille cette année un doctorant américain du nom d'Oliver

Call Me By Your Name film critique

C'est alors un long et discret jeu de séduction, oscillant entre désir et incertitudes, qui va s'engagner entre l'adolescent et le jeune homme, sous la chaleur moite de l'été italien. Ce fil rouge romantique, bien qu'il constitue sans aucun doute possible le propos final du film, fournira pourtant un prétexte idéal au réalisateur pour filmer avec un style déjà bien personnel ce qu'on nomme - généralement avec un mauvais accent italien - la dolce vita. Entre balades à vélo et baignades dans la rivière, Elio et Oliver vivent au rythme des journées qui passent avec lenteur, sous une lumière naturelle magnifiant à la fois les décors et les corps. Il émane des images de Guadagnino une sensualité ineffable, magique, que l'on attribue tout autant aux personnages qu'à l'environnement dans lequel ils évoluent. Tout ça plonge en tout cas le spectateur dans une douce torpeur d'un confort absolu

Call Me By Your Name film critique

Mais à la langueur de la mise en scène s'oppose bientôt l'agitation permanente qui occupe l'esprit de notre héros. En effet celui-ci se trouve en plein dans l'été décisif de sa vie, celui où tout bascule, où sa sexualité s'éveille, avec toutes les interrogations que cela suscite. Il a le choix entre Oliver et Marzia, entre l'interdit et le convenu, entre la passion et la raison. Timothée Chalamet est bouleversant : il apporte une innoncence, une espièglerie et une sensibilité désarmantes à un personnage dont le flegme bourgeois de la condition sociale transparaît dans la moindre des attitudes. En un mot, il est parfait en tous points, et à peine apparu sur la scène internationale que le voilà déjà incontournable, désiré et désirable, tout comme Elio l'est aux yeux d'Oliver et de Marzia. 

Call Me By Your Name film critique


Call Me By Your Name
n'est pas qu'un film d'amour très bien réalisé et magnifiquement interprété, c'est surtout l'expression d'un moment fugace mais ô combien déterminant de la vie de chacun, cette courte période où l'on découvre, avec le sentiment amoureux, le sens véritable de la vie. La beauté de cet instant et l'émotion qu'il procure son indicibles, et pourtant, Luca Guadagnino en a fait un film de plus de deux heures. Un pur bonheur.