Burning, un thriller psychologique superbe et incandescent

undefined 4 septembre 2018 undefined 16h17

Louis Haeffner

Annoncé partout comme un véritable chef-d'œuvre, plebiscité à Cannes où il a décroché le prix de la critique internationale, et bénéficiant de la grosse hype Murakami – puisqu'il s'agit de l'adaptation d'une de ses nouvelles –, Burning me chauffait bien de prime abord. Mais le film de Lee Chang-Dong m'aura-t-il consummé d'émerveillement ? 


Jongsu veut devenir écrivain, il est d'ailleurs en train d'écrire un roman. Au détour d'une pause cigarette dans les rues de Séoul, il croise Haemi, sa voisine lorsqu'ils étaient enfants et vivaient à Paju, non loin de la zone démilitarisée. Haemi a beaucoup changé, et celle à qui il avait dit autrefois qu'elle était "moche" le séduit très vite, lui demandant de venir chez elle nourrir son chat pendant qu'elle est en voyage en Afrique. À son retour, Haemi présente Jongsu à Ben, un  riche et distingué compagnon de voyage, comme étant son seul ami. Un triangle amoureux et ambigu va s'installer entre ces trois personnages, jusqu'à ce que Haemi disparaisse subitement. 

Burning film critique

Comme souvent dans le cinéma coréen, il y a quelque chose de très contemplatif dans la mise en scène, comme si les scènes voulaient prendre leur temps, et ainsi exister par elles-mêmes. Lee Chang-Dong filme ses personnages de près, souvent en légère contre-plongée, enveloppant ainsi le métrage d'une tension permanente. Par moments, cette tension se relâche, et on assiste alors à des séquences sublimes, où la beauté dépouillée d'un paysage ou le silence d'un regard nous transpercent le cœur de leur simplicité existencielle. 

Burning film critique

Mais si la photographie de Burning est d'une beauté limpide, les contours de ses trois personnages sont pour le moins flous, et c'est là que réside tout l'intérêt du récit. Entre un écrivain en herbe aux ambitions mondaines mais qui ne semble jamais aussi heureux qu'en s'occupant de ses bêtes, une jeune femme aguicheuse revendiquant sa liberté mais dont on perçoit immédiatement le vide affectif et un mystérieux édoniste qui roule en Porsche et dont le plus grand bonheur est de brûler des serres en plastique abandonnées, on se demande sans jamais réussir à le déterminer qui est bon, qui est mauvais, on se perd en conjectures jusqu'au dernier plan, magnifique et violent, qui nous laisse crispé et interrogateur sur notre fauteuil de velours rouge. 

Burning film critique


Visuellement proche de la perfection et parvenant presque magiquement à fasciner de la première à la dernière minute malgré un scénario plutôt simpliste, Burning plonge petit à petit le spectateur dans un océan de confusion dont il ressort fourbi et essoufflé, mais heureux d'être en vie. Superbe et déconcertant.