Blanche comme neige, un conte initiatique et érotique

undefined 10 avril 2019 undefined 19h21

Louis Haeffner

Après les adaptations de Dumbo il y a quelques semaines et d'Aladdin d'ici peu, on n'en peut plus du live-action. Rassurez-vous, Blanche comme neige ne se construit pas du tout sur le même schéma, même s'il s'agit bien d'une réinterprétation du conte légendaire des frères Grimm, et donc du Disney de notre enfance. 


Ainsi dans cette version moderne, Blanche-Neige n'est pas une belle princesse dans un château, mais une superbe jeune femme du nom de Claire, qui travaille dans un hôtel-spa lyonnais. Sa belle-mère, Maud, est jalouse d'elle car son mec, le boss de l'hôtel-spa, semble ne plus éprouver de désir à son égard, alors même qu'elle le surprend confessant par téléphone son amour à Claire. Dur. Elle confie donc à sa masseuse, apparemment venue d'un pays de l'Est, la mission d'éliminer Claire. Mais celle-ci s'en sort après qu'un sanglier a traversé la route devant la voiture qui la transportait vers sa mort, provoquant un accident et l'ouverture du coffre dans lequel elle était enfermée. Claire se perd alors dans la forêt... 

Blanche comme neige film critique

Par de subtils clins d'œil picturaux et une grosse filiation scénaristique, Anne Fontaine nous montre donc très tôt ses intentions : il s'agira non pas de simplement se baser sur l'histoire de Blanche-Neige pour produire une sorte de thriller utilisant les mêmes thématiques, mais bien de transposer ce conte bien connu à l'époque moderne en le teintant de réalisme. Exit dès lors le miroir magique de la marâtre, et place aux téléphones portables comme informateurs privilégiés. Exit la maison des sept nains, et place à un petit village des Alpes dont certains des habitants vont tomber sous le charme de Claire. Ici tout doit être crédible, possible, ce qui implique un traitement des personnages bien plus important que celui de l'action.

Blanche comme neige film critique

Dans ce jeu de correspondances permanent, il est très amusant de découvrir petit à petit les sept nains. Prêtre ou musicien, bibliothécaire ou vétérinaire, ils ont tous pour point commun de tomber instantanément sous le charme de Claire. Et c'est là que réside le réel enjeu du film : au contraire des sept nains du conte, nos sept villageois éprouvent du désir envers Claire, un désir irrépressible, physique, souvent partagé d'ailleurs par la principale intéressée. L'aspect initiatique du conte, ce thème de la transformation de la fille en femme, du passage à l'âge adulte, est ici abordé frontalement par la teneur érotique des événements. Claire se libère, s'émancipe, découvre son propre désir et son pouvoir sur les hommes, et l'embrasse. 

Blanche comme neige film critique


En transformant ce conte initiatique en un film hybride à la croisée de la comédie et du thriller érotique, Anne Fontaine livre une réflexion toujours passionnante sur le désir et la jeunesse, tout en parvenant à conserver cette pointe de féminisme si particulière à l'œuvre initiale. Excitant !