Le Roi lion + Iron Man = Black Panther

undefined 26 février 2018 undefined 14h38

Louis Haeffner

Donc je suis allé voir Black Panther, vu que tout le monde dit que c'est génial, que d'après Rotten Tomatoes c'est le meilleur film de tous les temps, que Michelle Obama l'a grave kiffé, et que j'adore les Marvel. Résultat ? Bah ouais c'est cool, très agréable à regarder, mais franchement y'a vraiment pas de quoi s'extasier de la sorte, et on y trouverait même un petit goût de déjà vu. Je vous explique, calmez-vous. 


Alors je vous vois arriver les bien-pensants : « Ouais mais attends c'est quand même le premier film avec un super-héros renoi, avec un casting avec presque que des renois, un réalisateur renoi » et bla-bla j'ai lu ci sur Facebook et j'ai entendu ça à la radio. Hé redescendez tout de suite les amis, Black Panther est juste le premier héros Marvel noir bénéficiant de sa propre "franchise", mais pour le reste oui, il est assez réjouissant de constater que la black culture (on n'a pas encore trouvé d'équivalent politiquement correct en français, à mon avis on restera sur cet anglicisme) occupe de plus en plus de place au cinéma, de Moonlight l'année dernière au film qui nous occupe donc aujourd'hui.

Black Panther critique du film

Voilà, rapidement, pour le versant "politique" de l'affaire, voyons maintenant ce que vaut réellement le film. Comme l'a très bien dit ma copine, en fait Black Panther c'est un mix entre Iron Man et Le Roi lion. Attention ceci n'est absolument pas une critique, au contraire. On perçoit bien qu'il s'agit de références, voire d'hommages, mais du coup ça nous oblige forcément à relativiser quelque peu quant à l'originalité du scénario.

Black Panther critique du film

Iron Man parce que le Wakanda, c'est genre le pays le plus avancé technologiquement du monde, à tel point qu'ils ont mis en place une sorte de champ d'invisibilité autour de tout le bled. A l'intérieur, les transports en commun utilisent la sustentation magnétique et une blessure par balle se guérit en une seule nuit, tout ça grâce au gisement de vibranium sur lequel le pays est construit et s'est développé. Pour rappel, le vibranium est une matière extraterrestre incassable, amenée sur Terre par l'intermédiaire du crash d'une météorite. On le connaissait déjà grâce à Captain America, dont le célèbre bouclier est entièrement fait de cette même matière. Voilà voilà, c'est un peu simpliste, mais ça a l'intérêt de mettre en perspective le problème millénaire de l'exploitation des ressources naturelles du continent africain et de l'ingérence permanente des nations occidentales sur ce même continent, ce que faisait déjà - en substance et avec un sens tout de même assez relatif de la culpabilité - Iron Man.

Black Panther critique du film

Pour ce qui est du Roi lion maintenant, c'est plus criant. En effet, plusieurs personnages font immanqublement penser à ceux du dessin animé culte de Walt Disney, à commencer par notre héros, T'Challa, sosie presque parfait de Simba version lionceau. Sérieusement, regardez bien Chadwick Boseman, il a grave une tête de lionceau, on a envie de le câliner et tout... Bref, au-delà de la frappante ressemblance physique, les deux héros félins partagent une destinée similaire, celle d'héritier du royaume laissé par leur père, mort dans un attentat. Dans les deux cas également, leur principal ennemi fait partie de la famille : Scar dans Le Roi lion est l'oncle de Simba, Killmonger dans Black Panther le cousin de T'Challa. Mais les similarités ne s'arrêtent pas là. Comment s'appelle la petite amie, combative et forte tête, de Simba ? Nala. Et celle de T'Challa ? Ah oui voilà, Nakia. Pour terminer, et en vrac : Zazou, c'est l'agent Ross (un oiseau dans le dessin animé, un des seuls Blancs dans le film), Rafiki, c'est Zuri (Forest Whitaker, ci-dessous) et que penser du décor de la scène où T'Challa parle à son père, dans un songe ? L'arbre, la nuit étoilée... ne manque que la chanson d'Elton John sérieux. 

Black Panther critique du film


Avec Black Panther, Ryan Coogler signe un bon divertissement pour certains, un film révolutionnaire pour d'autres. Ce qui est certain, c'est qu'il a réussi à offrir un film multiple, tant en termes de niveaux de lecture (satire sociale et géopolitique, très nombreuses références à la pop culture et à la black culture) que de qualités cinématographiques. Et qu'on a hâte de voir la suite !