Le monde entier a retenu son souffle ce matin à 4h18 (0h18 à Brasília) à l’annonce des résultats de l’élection présidentielle brésilienne. Dimanche 30 octobre 2022, Luiz Inácio Lula da Silva, plus communément appelé par son nom de famille “Lula”, a congédié le président sortant, Jair Bolsonaro, en remportant le scrutin à 50,9 % des voix. Un soulagement planétaire, célébré par plusieurs milliers de citoyen.ne.s brésilien.ne.s dans la rue, au terme d’une campagne particulièrement virulente.
Lula élu président : un soulagement pour le monde entier
Après un mandat cauchemardesque sous la présidence de Bolsonaro, les Brésiliens se sentent enfin prêts à tourner une nouvelle page de leur histoire avec Lula. Et le candidat de gauche compte bien mettre fin à la politique raciste, homophobe, sexiste et complètement dévastatrice pour l’environnement de son prédécesseur qui, près de 6 heures après l’annonce des résultats, ne semble toujours pas prêt à reconnaître sa défaite.
Toutes mes félicitations, cher @LulaOficial, pour ton élection qui ouvre une nouvelle page de l'histoire du Brésil. Ensemble, nous allons unir nos forces pour relever les nombreux défis communs et renouer le lien d'amitié entre nos deux pays.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 30, 2022
Du côté de la France, Emmanuel Macron a d’ores et déjà félicité le nouveau dirigeant brésilien sur Twitter, au même titre que le leader de gauche Jean-Luc Mélenchon ou encore l’eurodéputé Raphaël Glucksmann. Chez nos voisins européens, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a exprimé sa « hâte » de travailler avec le nouveau président brésilien, tandis que le Premier ministre espagnol voit dans la victoire du candidat une chance dans la lutte « contre le réchauffement climatique ». De son côté, Lula a annoncé sa victoire avec un message simple : « Démocratie ».
Democracia. pic.twitter.com/zvnBbnQ3HG
— Lula 13 (@LulaOficial) October 30, 2022
Mais si le monde semble apaisé par la victoire de Lula, que sait-on réellement sur lui ? Nous sommes revenus, pour vous, sur le riche parcours de cette figure de la gauche brésilienne, qui a fêté ses 77 ans le 27 octobre dernier.
Il était cireur de chaussures et métallurgiste
Le nouveau président brésilien fait partie de la liste très restreinte des dirigeants du monde qui sont partis de rien. Huitième et dernier enfant d'une famille d'agriculteurs pauvres du Pernambouc (nord-est du Brésil), Luiz Inacio Lula da Silva n’avait que sept ans lorsqu'il a émigré avec sa famille vers l'État de São Paulo, pour échapper à la misère. Alors qu’il n’avait que 12 ans, il est devenu cireur de chaussures, puis teinturier.
« Tous les dimanches, j'allais, avec mon père et mes frères, couper du bois dans les marécages. J'avais dix ans », avait-il rapporté à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants en 2014. Ouvrier métallurgiste à 14 ans, il a perdu l'auriculaire gauche dans un accident du travail. Bien qu’il n’y soit pas destiné, c’est finalement cette voie-là qui va lui ouvrir les portes de la politique. À 21 ans, il rentre au syndicat des métallurgistes et finit par en devenir le président en 1975. Cette fonction fera très vite de lui une importante figure des grandes grèves de 1979, en pleine dictature militaire (1964-1985).
Il a fondé le Parti des Travailleurs brésilien
Auteur inconnu / Wikipédia
Excellent orateur et figure de proue de la lutte ouvrière, Lula a co-fondé le Parti des Travailleurs en 1980, auprès d’Olívio Dutra, responsable du syndicat des employés de banque à l’époque. Son ambition ? Représenter au mieux la classe ouvrière brésilienne. Un pari réussi puisque, 6 ans plus tard, le syndicaliste a remporté sa première élection en devenant député fédéral de l’État de São Paulo. Ce premier mandat lui permettra de participer activement à l’écriture de la constitution brésilienne du 5 octobre 1988.
Il a déjà été président du Brésil deux fois
Si vous ne le saviez pas encore, Lula est loin d’être un visage inconnu pour les Brésilien.ne.s, même les plus jeunes qui n’ont pas connu les grandes grèves de 1979 : il a été le président de la République fédérative du Brésil entre 2003 et 2011. Élu pour la première fois le 27 octobre 2002, le jour de ses 57 ans, Lula a été le premier chef d’État brésilien issu de la classe ouvrière et a mis en œuvre de nombreuses réformes sociales au sein du pays, permettant ainsi à près de 30 millions de Brésiliens de sortir de la misère.
Il a été en prison pendant plus d’un an et demi
En mars 2014, l'opération Lava Jato (“lavage express” en français) aussi appelée “scandale Petrobras”, provoque la chute du Lula. L’enquête dirigée par le juge Sérgio Moro puis par Gabriela Hardt, concerne une affaire de corruption et de blanchiment d'argent impliquant notamment la société pétrolière publique Petrobras. L'affaire est rapidement devenue le plus grand scandale de corruption de l'histoire du Brésil. Le 12 juillet 2017, Lula est condamné à neuf ans et six mois de prison pour corruption et blanchiment d'argent. Il aura finalement passé 580 jours derrière les barreaux, avant d’être libéré le 8 novembre 2019.
Il défend l’Amazonie et ses peuples
Félicitations à #Lula pour son élection. Sa victoire est une respiration pour la planète et la démocratie. Sa responsabilité est immense pour mettre un terme à la déforestation massive de l’#Amazonie. pic.twitter.com/SdxrMFmZhM
— Pieyre-Alexandre Anglade (@PA_Anglade) October 31, 2022
Si Lula mise sur un grand programme de redistribution sociale, il est également très engagé en termes de protection de l'environnement. Il s’est notamment engagé à mettre en place une politique de « tolérance zéro » sur la déforestation, les incendies et l'orpaillage illégal en Amazonie et compte bien redonner leurs pouvoirs aux institutions publiques dédiées à la préservation de l'environnement. Du côté des peuples indigènes, le nouveau président brésilien promet de favoriser l'insertion et l'intégration de toutes les minorités y compris des peuples autochtones de l'Amazonie, notamment par la création d'un « ministère des Peuples autochtones ».