Les cours d’empathie vont être généralisés dans les écoles françaises en 2024

undefined 28 septembre 2023 undefined 11h56

Flora Gendrault

Existe-t-il un monde où la France inspirera ses voisins de l’Est et pas l’inverse ? Alors que Gabriel Attal, ministre de l’Éducation, s’est rendu au Danemark vendredi dernier pour observer les cours d’empathie dispensés depuis 2007 dans le pays, ce dernier vient d’annoncer l'intégration d'un modèle semblable dans les écoles françaises, et ce dès la maternelle.

Une manière de lutter contre le harcèlement scolaire, alors que l’année 2023 a été particulièrement meurtrière. « Nicolas, Lindsay, Thibault, Ambre, Lucas… Chacun de ces prénoms résonne comme un échec pour nous », déplorait hier Élisabeth Borne lors de la présentation d'un plan interministériel de lutte contre le harcèlement.


« Libéré de l’intimidation » 

Le programme danois est intitulé « Fri for Mobberi », signifiant « libéré de l’intimidation ». En place depuis 2007 dans 60% des crèches, écoles maternelles et 45% des écoles élémentaires, cette méthode ne consiste pas en quelques heures de « cours d’empathie » mais en une mesure plus globale intégrée à chaque enseignements et interactions avec les élèves. 

Comme l’explique Hanne Peterson, institutrice en école à Skanderborg interrogée par le HuffPostelle repose sur quatre valeurs : « la tolérance, le respect, le soin et le courage ». Lorsque les enfants travaillent en équipe, la professeure choisit les pairs et s’assure que personne n’est laissé à l’écart. Une « réunion d’enfants » est organisée une fois par semaine afin qu’ils puissent échanger sur un sujet de savoir-être. Les parents participent également au processus, et sont invités à convier les camarades de classe de leur enfant chez eux. Selon Hanne, cette méthode a fait ses preuves : « Lors des conflits, ceux qui ont été initiés à cette approche trouvent plus facilement un compromis et une solution », rapporte-t-elle dans les colonnes du Huff. Dans son école, aucun cas de harcèlement scolaire n’a été signalé. 


Mise en vigueur à la rentrée 2024 

Gabriel Attal précise que « ces compétences feront désormais partie officiellement des savoirs fondamentaux de l’école », expliquant que ces nouveaux cours seront donnés en plus des apprentissages classiques tels que la lecture, l’écriture et les mathématiques. À la lumière du témoignage de Hanne Peterson, il semble nécessaire que les enseignants intègrent, en plus de ces cours d’empathie, aussi réguliers soient-ils, une vigilance accrue à l’égard des mécanismes de groupe dans la cour de récréation, s’impliquent dans la résolution des conflits et favorisent l’intégration des plus marginalisés

Le chantier pour la construction de ce programme devrait commencer dès aujourd’hui, pour une mise en vigueur à la rentrée 2024. Le ministre détaille toutefois que « dès la rentrée de janvier 2024, après les vacances, il y aura une école pilote par département, qui s’engagera dans les cours d’empathie, de respect de l’autre, de tolérance, sur le modèle de ce qui existe dans d’autres pays ». En réalité, ce type d’enseignement a été testé entre 2022 et 2023 dans 18 écoles maternelles de Paris et de la région parisienne, sous une forme réduite et moins ambitieuse. Des impacts positifs sur le développement du langage oral des enfant et le dialogue ont déjà été notés. 


Plusieurs mesures pour combattre le fléau  

Ces dernières années, les drames liés aux ravages du harcèlement scolaire se sont multipliés en France, jusqu’à atteindre un taux dramatique en 2023, illustré par plusieurs affaires hautement médiatisées (Lucas en janvier, Lindsay en mai, Nicolas en septembre…). L’association Parle, je t’écoute révèle qu’en France, 10% des enfants considèrent l’école comme un lieu de souffrance, et qu’environ 1 enfant sur 10 serait aujourd’hui victime du harcèlement scolaire, soit 700 000 élèves par an. 

De quoi faire réagir le gouvernement, qui a annoncé hier les grandes lignes de son plan de lutte contre ce fléau. En plus des cours d’empathie, chaque signalement de fait de harcèlement fera désormais l'objet d'une saisine du procureur. Les harceleurs pourront être exclus des réseaux sociaux, ou se verront plus régulièrement confisqués leur téléphone. Tous les élèves du CE2 à la troisième rempliront une grille d’autoévaluation, et deux heures d’enseignement sur le harcèlement seront banalisées dans les établissements scolaire de France, tous les 9 novembre, journée nationale dédiée à ce sujet. Enfin, les formations du corps enseignant seront renforcées, et un numéro unique sera entièrement dédié au harcèlement, le 3018