Un adolescent de 14 ans interpellé en plein cours pour propos transphobes

undefined 20 septembre 2023 undefined 11h51

Flora Gendrault

Une scène peu commune au sein d’un établissement scolaire. Lundi 18 septembre, dans un collège d’Alfortville, cinq policiers sont intervenus pour arrêter un élève soupçonné de harcèlement en ligne, avec l’accord du proviseur. L’alerte avait été lancée le matin même par le père de l’adolescente, dans un commissariat de la ville.


« On va t’égorger, on va te faire une Hitler »

Selon le récit de l’homme, sa fille, qui vient d’entamer une transition de genre, aurait reçu de nombreux propos homophobes et transphobes sous l’une de ses photos Instagram. Des propos d’une violence inouïe rendus publics par BFM-TV, à coup de « On va t'égorger, on va te faire une Hitler », et ponctués de menaces de mort : « Casse-toi va mourir, suicide-toi sale PD, travelo ». 

Grâce à l’exploitation de captures d’écran, les policiers ont pu identifier l’auteur des messages, et compte tenu de la nature des propos, le parquet a délivré le jour même un ordre à comparaître de l’adolescent. Il a été interpellé vers 16 heures, alors qu’il se trouvait en cours, et aurait été « menotté à la vue de tous », selon un membre de l’équipe du collège contacté par 20 minutes. Une enquête pour violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure à huit jours et menaces de mort a été ouverte hier matin. 

Le collégien aurait reconnu les faits et exprimé des regrets. Déferlé devant un magistrat du parquet hier après-midi, il a été notifié par le ministère public d’une mesure éducative consistant en une « activité au profit de la collectivité ». 


Une méthode questionnée

Plusieurs parents d’élèves ont questionné la méthode employée par la police. « Ils auraient pu interpeller le gamin en dehors du collège », exprimait une femme sur Franceinfo. Le rectorat de l’académie de Créteil a annoncé « échanger avec les autorités concernées » pour « comprendre dans quelles conditions des policiers ont pu être amenés à intervenir dans un établissement scolaire pour procéder à l’interpellation d’un élève en classe ».


La nécessité d'un « électrochoc » contre le harcèlement scolaire 

La prise en charge expresse de cette main courante intervient alors que le harcèlement scolaire a été nommé « grande cause » de l’année 2023-2024 par le gouvernement. Lundi, Gabriel Attal, ministre de l’Éducation, avait demandé aux recteurs d’académie un « électrochoc à tous les niveaux » contre les violences après le suicide de Nicolas, 15 ans, victime de harcèlement scolaire. Le garçon et son père s’étaient rendus au commissariat de Poissy des mois auparavant afin de signaler les faits. Ses parents avaient également envoyé une lettre au rectorat en octobre 2022 : le courrier qui leur a été adressé en retour les menaçait d’une procédure en dénonciation calomnieuse