Mort de Nahel : une fiche d’intervention relance l'hypothèse d'un mensonge des policiers 

undefined 6 juillet 2023 undefined 16h16

Nicolas Cogoni

Florian M., le policier auteur du tir mortel sur Nahel, 17 ans, lors d’un contrôle de police à Nanterre le 27 juin dernier, ainsi que son collègue, ont-ils menti sur le déroulé des faits ? Voilà la principale question à laquelle devra répondre l’enquête, alors que le contenu de leur fiche d’intervention a été dévoilée ce mercredi 5 juillet.


« Le conducteur a essayé de repartir en fonçant sur le fonctionnaire »

La fiche d’intervention dite "Pégase", consultée par Le Parisien et RTL, a été rédigée par un opérateur du centre de commandement et retrace la chronologie des évènements de cette matinée tragique. Celle-ci écrit en date de 8 heures, 22 minutes et 45 secondes : « Individu blessé par balle à la poitrine gauche. Le fonctionnaire de police s’est mis à l’avant pour le stopper. Le conducteur a essayé de repartir en fonçant sur le fonctionnaire. ». Une déclaration qui fait débat alors qu’une vidéo de la scène prise par une passante donne une tout autre version des faits. 

Les fiches Pégase, retranscrites en temps réel, sont remplies sur la foi des déclarations des policiers intervenants, à la radio ou lors de comptes rendus oraux. Ce qui signifierait alors que l’un des 2 agents motards a livré une première version fausse des évènements, ou que leur interlocuteur a mal interprété leurs propos dans le feu de l’action. Pour démêler le vrai du faux, l’IGPN a récupéré les enregistrements radio des échanges entre les deux motards et la salle de commandement.

Toujours selon Le Parisien et RTL, l'expression « en fonçant sur le fonctionnaire » n'a pas été prononcée telle qu'elle par les policiers, sans que personne ne sache pour le moment les termes exacts qu'ils ont employés pour relater les faits.


Plainte contre X pour « faux en écriture publique »

Face à l’éventuel mensonge d’un des deux policiers, l’avocat de la famille de Nahel a déposé plainte contre X pour « faux en écriture publique ». « Ce mensonge matérialisé par un écrit est lourd de conséquence car il a été utilisé par le procureur pour ouvrir une enquête contre Nahel pour tentative d’homicide sur un policier. C’est ce faux qui aurait été utilisé pour exonérer le policier si aucune vidéo des faits n’avait été filmée. »

Pour l’avocat de Florian M., Me Laurent-Frank Liénard, ceci est « une hérésie », et a assuré que son client n’avait rédigé aucun rapport ni indiqué que le conducteur lui fonçait dessus.


Florian M. a nié avoir crier « tu vas prendre une balle dans la tête »

Le policier auteur du tir mortel contre Nahel a quant à lui nié devant l'IGPN avoir prononcé la phrase « tu vas prendre une balle dans la tête ». Lors de son audition, l’agent a affirmé avoir seulement hurlé de couper le contact et avoir frappé le pare-brise de la voiture « afin d’attirer l’attention du conducteur », écrit Le Parisien après consulation du compte rendu de ses déclarations. Après étude de la vidéo filmée par un témoin, l'IGPN explique entendre Florian M. crier « Coupe, coupe », parlant ensuite d'une troisième voix « pouvant être attribuée » au collègue de Florian M., qui aurait bien crié : « Tu vas prendre une balle dans la tête ».

L’enquête judiciaire a révélé que ni Nahel ni Florian M. n’avaient de casier judiciaire. Toutefois, l’un comme l’autre sont connus des services de police. Nahel pour des faits notamment de refus d’obtempérer, et le policier « est connu (...) en tant qu’auteur pour exhibition sexuelle le 7 janvier 2023 en forêt de Chauvry (95) et est cité comme victime à seize reprises. ». Lors du contrôle routier, aucun des deux nétait ni positif à l'alcool, ni aux stupéfiants.

Conformément aux réquisitons du parquet, la cour d'appel de Versailles a décidé - à la suite d'une demande de remise en liberté émise par son avocat - du maintien en détention provisoire du policier, a appris franceinfo auprès du procureur général de Versailles, ce jeudi 6 juillet.