On peut désormais communiquer avec les morts grâce à l'IA

undefined 22 février 2024 undefined 14h21

Flora Gendrault

On aurait pu croire que le zoom de la rédaction de France Inter reprenait en détail le scénario d’un épisode macabre de Black Mirror, mais il n’en est rien. Les journalistes de la première radio française ont mis en lumière la nouvelle invention (particulièrement perturbante) qui agite la Chine et pourrait bien révolutionner notre rapport à la mortalité et au deuil : une intelligence artificielle (IA) permettant d’interagir avec les morts. 

En même temps, il fallait s’y attendre. Évidemment que l’IA, en développement exponentiel, n’allait pas tarder à aller sur ce terrain. Depuis qu’il a conscience de sa propre finitude, l’humain cherche d’une manière ou d’une autre, par le clonage ou le remplacement d’organes, à faire reculer les frontières de la mort. On pensait toutefois avoir le temps de s’y préparer, mais c’est déjà là, chez nos voisins très éloignés d'Asie.


Reproduire le visage et la voix sur un avatar

Un nouveau concept incroyable(ment flippant), mais vrai. À Nankin, une ville située à 300 kilomètres à l’ouest de Shanghaï, un jeune ingénieur nommé Sun Kai a mis au point une nouvelle façon de communiquer avec les morts. À l’origine de son invention, le décès de sa mère il y a cinq ans et le deuil. Épreuve inévitable dans notre monde constitué d’êtres mortels, mais insoutenable pour Sun Kai, qui a pu s'éviter cette peine grâce à la création d’un avatar reprenant le visage et la voix de sa mère, animé par l’intelligence artificielle, répondant à ses questions et s’intéressant à sa vie. 

« J'étais excité et soulagé. Je me sentais coupable de ne pas avoir passé assez de temps avec ma mère avant son décès, et d’avoir consacré trop de temps à mon travail. Quand j’ai entendu ses premières paroles, j'ai eu l'impression de moins me sentir coupable, d'avoir trouvé un moyen de parler à ma mère », explique-t-il au journaliste Sébastien Berriot. 


Révolution dans le secteur funéraire

Un projet à faire fructifier. Après avoir mis au point son système, l’ingénieur chinois en a fait un véritable business. Son entreprise, la Nanjing Silicon Intelligence, fait travailler 500 salariés avec la mission de transposer des âmes dans un monde virtuel. Des milliers d'avatars ont déjà été créés pour faire revivre des personnes disparues. 

Et apparemment, la tâche est aisée : « Pour copier l'apparence physique, nous avons seulement besoin d'une vidéo de trois minutes de la personne qui parle tout en faisant des gestes naturels et habituels. Pour le son, nous avons besoin d’une dizaine de minutes d'enregistrement audio. Tout ça prend seulement quelques jours…. Pour le clonage de la pensée , c’est un processus qui est plus progressif. Plus nous avons de matière, plus il y a de ressemblance avec la personne décédée. Au fur et à mesure que nous accélérons le développement de notre technologie, le dialogue est de plus en plus élaboré », précise l’une des responsables du site Yang Yang. Comme ChatGPT donc, le logiciel ne cesse de se perfectionner à mesure que les informations fournies sont nombreuses.  


Faire parler les morts aux enterrements

Les entreprises du secteur pourraient même aller plus loin et immiscer l’IA dans les enterrements. Par exemple, au fond du plus grand cimetière de la banlieue ouest de Shanghaï se trouve un espace numérique avec des écrans. Le projet : faire intervenir les défunts au travers d’un ordinateur à leurs propres funérailles. Premier essai, premier succès lors de l’enterrement d’une célèbre professeure de médecine à Shanghaï, qui a pu discuter avec ses anciens élèves

Pour l’instant cloisonnée aux frontières de la Chine, cette innovation pourrait bien un jour être importée en Occident, et divisera forcément l’opinion publique.

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