Dans les coulisses de La Consigne Store, le dépôt-vente streetwear incontournable de Strasbourg

undefined 30 mai 2018 undefined 09h15

Camille Deutschmann

Pour tout amateur de culture streetwear, c'est ici que ça se passe.

On y trouve « des basics et des heats ». Depuis que Laurent a fondé et ouvert La Consigne Store en septembre 2016, son credo et son état d'esprit sont restés les mêmes. « Si un groupe de jeunes entre dans le shop et que l'un d'eux sort 200 balles pour acheter deux t-shirts Supreme, son pote qui sort 10 euros peut s'acheter un t-shirt de marque aussi », nous a-t-il expliqué dans son shop, situé galerie d'Austerlitz.

Ce shop, le Strasbourgeois de trente ans a voulu le faire à son image. Il confie que son envie n'était pas de s'adapter à un marché, encore moins de faire beaucoup d'argent. L'idée était plutôt de proposer une alternative à la vente numérisée, de rafraîchir le concept de dépôt-vente, et surtout de permettre aux gens de vider leur armoire des fringues qu'ils ne portent plus pour que d'autres en profitent.

 

En avril 2017, Léo se joint à lui. Ils se sont rencontrés chez Courir, où Laurent, en tant que responsable, a recruté Léo. Il parle d'un coup de foudre professionnel, et les deux s'accordent à dire que le shop leur ressemble, notamment car ils ont des atomes crochus avec le monde de la glisse. Laurent a fait ses études chez Quiksilver, des stages chez Slide Box (comme Léo) et Phalanger. Et si Laurent a pratiqué le skate, le roller et le BMX étant plus jeune, Léo, en plus d'être feru de sneakers, ne s'est pas séparé de sa board.

Autant dire qu'ils savent de quoi ils parlent. Les deux Strasbourgeois expliquent que La Consigne Store est basée sur le mix du skate et du streetwear et que, si maintenant ce mélange peut couler de source, l'association n'a pas toujours été évidente. Quoi qu'il en soit, les produits qu'on trouve dans le shop s'adressent autant au skateur de base qu'à l'amateur de belles pièces hype, et c'est ce qui en fait la force.

Nous avons eu l'occasion d'échanger avec Laurent et Léo au sujet de ce shop, de leur état d'esprit plus qu'honorable, de concurrence, de ce qu'ils pensent de la hype Supreme ou encore de leurs projets futurs. Rencontre dans dans les coulisses de La Consigne Store.


Le Bonbon Strasbourg – La Consigne Store, comment ça marche ? 

La Consigne Store – La Consigne Store fonctionne sur le principe de dépôt-vente, mais on ne fait pas d'achat cash. On a voulu se positionner davantage comme une plateforme de "libre-échange". Les vendeurs déposent leurs fringues, on les conseille, on voit les prix avec eux et ils ne touchent leur argent qu'une fois le produit vendu. En procédant ainsi, on ne se fait pas de marges folles et ce n'est pas le but. On veut que le client ait un prix le plus cool possible, tout en faisant en sorte que le vendeur ait l'argent qu'il veut.


Quelles sont les marques que vous vendez le plus ?

La hype Supreme en fringues et Yeezy en chaussures est grande en ce moment. Aussi, niveau streetwear, on vend pas mal d'Adidas, de Lacoste, de Ralph Lauren. Au niveau des fringues skate, on est davantage sur Vans, Nike SB, Stussy, Carhartt... On est focus 100 % sur les marques, et avec nos années d'expérience dans des skateshops et dans la vente, et notre connaissance du marché, on sait ce qui se vend.


Vous pensez quoi du fait de revendre du Supreme deux ou trois fois plus cher que le prix d'achat ?

Au début, on ne voulait pas tomber là-dedans. Mais ça a pris une telle ampleur que si je n'avais pas ce genre de produits dans mon magasin, il n'aurait pas la même portée. On ne peut pas passer à côté. Du coup, on accepte des produits resell, car on ne peut pas y dire non quand on est un dépôt-vente, mais dans une certaine mesure. On restreint un peu pour ne pas que ça parte trop loin. On est des entremetteurs alors on ne met pas de barrière, juste des limites.


Quelle est la meilleure vente que vous ayez faite ?

Léo et moi n'avons pas la même notion de "plus belle vente" [rires] ! Léo va te dire qu'on a vendu une paire de pompes folle à tel prix, et moi celle que je vais retenir c'est la vente d'un t-shirt Vans tout neuf à 6 balles. Ça dépend du point de vue. Parfois, un mec vient de bon cœur et ramène des choses qui traînent dans son armoire en se disant que ça va faire plaisir à un gars et il casse les prix. Ça, ça me fait transer. Là, c'est mission accomplie. Après, c'est vrai que d'avoir de belles pièces rares dans le shop, c'est toujours cool. 


La Consigne Store et les skateshops de Strasbourg se considèrent comme des concurrents ?

Au début, on a été vus par certains comme des concurrents, mais il y a des clients très différents et il y en a pour tout le monde. Il y aura toujours des gens qui achètent du neuf et pas d'occasion. Pour ces magasins, on est plutôt un complèment : si un mec vend trois sappes ici, il récupère un billet qu'il va aller dépenser chez Slide Box par exemple.

On apporte aussi un marché différent pour ces personnes qui ne veulent plus consommer de neuf du tout. Notre clientèle est super variée : il y a des des gens roots et écolo, et d'autres qui viennent acheter des Yeezy. Ce n'est pas donné à tous les magasins de rassembler ces gens-là dans un même lieu. On est content d'être ce lien.


Vous êtes assez présents sur Instagram. Que représente cet outil pour vous ? 

Pour nous, Instagram est un catalogue. On y poste les deux derniers mois de dépot. Ça apporte du confort au client et ça le pousse à passer au magasin, car on n'effectue pas de réservation via le réseau social. Il a pris une certaine ampleur, et avec 6 000 abonnés, ça va assez vite et ça ramène pas mal de monde. Autre chose qui nous a apporté de la clientèle, le youtubeur strasbourgeois La Routine a parlé de nous sur sa chaîne. Mais malgré la force d'Internet, on tient à rester "physique", à rencontrer les clients, à parler, à conseiller.


Quels sont vos projets à venir ?

On essaie déjà de péréniser le process, de se mettre bien sur les rails. On aimerait bien mettre en place un système qui pousserait les gens à venir récupérer leurs fringues invendues. Parfois, des vendeurs déposent des choses qui ne se vendent pas et les oublient ou veulent s'en débarasser. Du coup, on accumule. Le projet à court terme, c'est de fluidifier le process.

Le gros projet de l'année 2018, maintenant qu'on a une structure "reconnue", est de faire vivre le magasin à travers des événements. Au NL Contest par exemple, on avait un stand et on a sponsorisé trois riders en trotinette, skate et bmx.

Autre événement qu'on honore, l'anniversaire du shop à la rentrée. On ne sait pas trop ce qu'on va faire, mais on aimerait fêter nos deux ans. Aussi, pourquoi pas organiser des soirées à thème à Strasbourg ? Sur le plus long terme, je cherche comment on pourrait retranscrire notre état d'esprit et notre façon de procéder sur le Web.

La Consigne Store
16, rue d'Austerlitz – Strasbourg
Tél. : 03 88 35 59 95
La Consigne Store est sur Facebook et sur Instagram