On y était, on vous raconte : retour sur l\'incroyable 30e édition des Eurockéennes de Belfort

undefined 20 juillet 2018 undefined 09h40

Camille Deutschmann

Les 5, 6, 7 et 8 juillet derniers s'est tenue la 30e édition du festival des Eurockéennes de Belfort. On y était, on vous dit tout !

Que la musique soit ! Et, en 1989, le festival des Eurockéennes de Belfort fut. Trente ans plus tard, le quatrième art a évolué, est professé par d’autres têtes d’affiche, mais galvanise toujours. Pour leurs noces de Perle avec le rock (et les multiples autres genres qui se sont depuis invités dans la danse), les Eurockéennes de Belfort ont offert cette année une édition toujours guidée par la passion de défendre « une certaine idée de la musique populaire », témoignant toujours de cette envie inébranlable de la faire (re)découvrir et vivre.

Avec ses quelque 135 000 festivaliers et ses quatre jours de live, le festival indépendant n’a pas manqué de célébrer cette édition anniversaire comme il se doit, entre programmation sensationnelle et installations spécialement mises en place pour cette édition – le feu d’artifices qui a clôturé la première soirée, la grande roue, les chorégraphies de Mouvements et le passage de la patrouille de France. Quatre jours de bon son et de liesse, ponctués d’un peu de pluie et de beaucoup de soleil, qui nous auront marqués pour quelques années et sur lesquels on revient avec autant de mélancolie que d’enthousiasme. 

© DR



Premier jour (17 h 30 – 2 heures)

Jeudi 5 juillet, les festivités s’ouvrent sur le set du producteur et DJ parisien Lorkestra. Le coup d’envoi est donné, la scène de la Loggia ouvre le rideau (avec Tank & the Bangas, révélation funk et chatoyante de la Nouvelle-Orléans), suivie du chapiteau Greenroom (GoldLink) et de la Plage (SuperParka). Vers 21 heures, alors que l’immuable Texas occupe la Grande Scène, le talentueux Sampha entame son incroyable titre « (No One Knows Me) Like the Piano », dont une pluie battante viendra sublimer le spleen.

eurockéennes belfortOrelSan, sous la pluie. © Brice Robert

Les concerts suivants se joueront sous les mêmes auspices, ce qui n’empêche pas une foule monstre de se rassembler à la Grande Scène, où OrelSan donne un concert efficace et minutieux. Les autres seront allés à la Plage pour se délecter des notes brumeuses de Cigarettes After Sex, dont le sombre et sensuel morceau « Apocalypse » ne pouvait pas mieux coller à cette soirée en clair-obscur. Suivra l’exaltant Fatima Yamaha, et la tête d’affiche bouillante Macklemore et l’électro enragée de Carnage clôtureront la soirée.


Deuxième jour (17 heures – 3 heures)
 

Si la pluie de la veille a rendu boueuse la presqu'île du Malsaucy, traversé les K-way et ruiné bien des chaussures et quelques téléphones, les mines sont loin d’être éteintes et le soleil s’est rallumé. Le DJ rémois Prieur de la Marne ouvre le deuxième jour, qu’il ponctuera de plusieurs DJ sets jusqu’à minuit. Les concerts affluent et s’enchaînent sur le site, à l’instar de celui de Nothing but Thieves sur la Grande Scène. À 20 heures, le rappeur français charismatique Rilès enflamme le chapiteau Greenroom, soutenu par une foule déchaînée.

Rilès, très à l'aise sur la scène du chapiteau Greenroom. © Brice Robert

La pop rock de Beth Ditto s’élève à la Plage, et les californiens de Prophets of Rage balancent la sauce sur la Grande Scène, instillant la fièvre dans les rangs avec « Jump », « Insane in the Brain » ou encore « Killing in the Name of » sous les acclamations et les pogos. Leon Bridges, avec sa soul seventies, prend place au chapiteau Greenroom, le solaire Kiddy Smile ambiance la Plage et Nine Inch Nails met le feu à la Grande Scène. La soirée s’achève sous le signe de la techno avec les énervés Black Madonna et Richie Hawtin.


Troisième jour (16 heures – 3 heures)

Malgré les deux jours que les festivaliers ont déjà dans les jambes, le week-end et les têtes d’affiche qu’il offre vivifient et donnent envie de remettre le couvert pour les uns, de rejoindre les festivités pour les autres – le samedi soir ayant connu un pic d’affluence. Dès 16 heures, Cézaire et Lorkestra donnent le « la » sur la Plage, suivis de la fougueuse rappeuse Iamddb. À 19 h 45, les premières notes du piano de Juliette Armanet s’élevent du chapiteau Greenroom, pour un moment entre douceur et euphorie hors du temps.

Juliette Armanet a filé des frissons à tout le monde en interprétant son déjà classique "L'Amour en solitaire". © Christian Ballard

À 20 h 45, le mastodonte du rap francophone Damso débarque sur la Grande Scène, qui a sans doute rarement connu une foule aussi dense – du moins pour cette édition-là. Pendant que certains se défoulent sur les derniers accords nerveux d’At the Drive In, d’autres sont venus nombreux pour voir Moha La Squale, révélation rap du moment. Le jeune artiste de la Banane, propulsé sous les projecteurs récemment et grâce à Internet, a offert un concert sincère et intense, confirmant son statut de phénomène rap. 

Le jeune talent du rap Moha La Squale. © Jean-Christophe Minchilli

Rick Ross, arrivé en grande pompe sous le chapiteau Greenroom un peu avant 1 heure du matin, a offert un show saccadé, ponctué d’effets sonores à outrance et d’extraits de titres disséminés çà et là, poussant les moins patients à rejoindre la Loggia. Les Viagra Boys et leur chanteur totalement décadent y ont proposé un concert plus confidentiel et carrément jouissif. À 2 heures, Jungle propageait sa pop lisse et chaude face à un public plutôt épars : la plupart des festivaliers étaient en train de chanter les hits sales de Thérapie Taxi sur la Plage.


Quatrième jour (17 heures – 1 h 30)
 

Le dernier jour, c’est Eddy de Pretto qui a inauguré le chapiteau Greenroom devant un public abondant et qui, c’est assez rare pour être souligné, a rassemblé des spectateurs de toutes les générations. À 19 h 30, l’impétueux rappeur Tekashi 6ix9ine (qui remplaçait Hamza, absent pour des raisons de santé) s’est fait attendre pendant un petit moment. Les américains d’Alice in Chains ont donné, pendant ce temps-là, un concert efficace et puissant sur la Grande Scène.

Le touchant et efficace Eddy de Pretto. © Matthieu Vitré

À 20 h 30, au même moment que Dead Cross au chapiteau Greenroom, les Liminanas électrisaient la scène de la Loggia avec leur rock brut et ensoleillé. Et pour la suite, plutôt Liam Gallagher ou Lomepal ? Un choix cornélien (on aurait aimé ne pas avoir à renoncer à l’un pour voir l’autre) entre nostalgie pour Oasis et énergie nouvelle, entre une icône du rock anglais et un jeune phénomène du rap. Les deux auront finalement assuré un concert marquant, façonnant déjà les derniers souvenirs d’un festival qui touche doucement à sa fin.

L'impétueux Liam Gallagher, qui a interprété des morceaux de son dernier album solo mais aussi de son ancien groupe Oasis. © Christian Ballard

Après les shows respectifs de la nouvelle recrue d’Ed Banger Vladimir Cauchemar, du bluesman Seasick Steve et de Zeal and Ardor et leur projet surprenant mêlant metal, gospel et soul, Shaka Ponk et The Blaze ont clôturé ces quatre jours de concerts. Si les uns ont voulu en prendre plein les yeux avec le concert survolté de Shaka Ponk, les autres ont préféré en prendre plein le cœur avec l’électro planante et brumeuse de The Blaze, duo français intrigant qui a offert aux amoureux de la musique l’ultime voyage de cette 30e édition.

Vivement l'été prochain !

Les membres de Shaka Ponk ont donné un show délirant, qui a clôturé cette saison 2018. © Matthieu Vitré