Wonder Wheel : on le boycott ou pas ?

undefined 2 février 2018 undefined 12h17

La Rédac'

Comme presque chaque année depuis 50 piges, Woody Allen sort un film. Comme presque à chaque fois, il s'agit d'une comédie de mœurs, plus ou moins dramatique, plus ou moins réussie, plus ou moins divertissante. Mais cette année, le contexte est particulier, et il est légitime de se demander s'il faut ou non boycotter ce film, et si tel est le cas, qu'y loupe-t-on ?  


C'est donc dans un contexte un peu spécial que je me suis chauffé à aller voir Wonder Wheel, le dernier Woody Allen. Ce contexte, quel est-il ? Le vieux Woody fait l'objet d'une polémique affiliée au mouvement #metoo, sa fille adoptive Dylan Farrow ayant renouvelé ses accusations d'abus sexuel lorsqu'elle avait 7 ans. Il faut savoir que cette affaire n'est plus que médiatique et qu'aucune poursuite n'a été engagée depuis l'enquête menée en 1993 dont les résultats innocentant Woody Allen avaient été jugés non concluant par le juge de la Cour suprême de New York. Cela dit, nombre de personnalité à Hollywood ont lâché le réalisateur de Annie Hall, plus esseulé que jamais

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Ayant à l'esprit cette sombre histoire, je m'attendais à déceler un message caché dans le film, sachant que le pitch, en gros, est le suivant : un sauveteur rêvant de devenir dramaturge (Justin Timberlake), fréquente en secret une femme mariée (Kate Winslet) dont la belle-fille (Juno Temple) refait surface à Coney Island (où se passe notre scène) pour échapper à la pègre, le tout dans les années 50, avec les chouettes costumes et décors que cela implique. Evidemment, le sauveteur et la jeune femme en détresse vont tomber amoureux. Un bon gros bordel relationnel comme Woody Allen les aime, en somme, et qui aurait pu donner lieu à un chouette jeu de perspectives sur le mode "destins croisés". Sauf que notre cher réalisateur a clairement décidé de faire de la femme bafouée son personnage principal, et on peut le comprendre au vu de la performance XXL de Kate Winslet, extraordinaire en maîtresse désespérée, en belle-mère jalouse, en épouse résignée et en mère dépassée, tout ça en même temps, plus les migraines incessantes. 

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En faisant tourner son film autour du desespoir d'une femme d'âge rendue folle et prête à tout par la trahison de l'homme qu'elle aime, Woody Allen cherche-t-il à nous dire quelque chose au sujet de Mia Farrow ? C'est un peu tiré par les cheveux, je vous l'accorde, mais il est difficile de n'y pas penser. Dans tous les cas, ça n'aide pas à rendre le film agréable à regarder. Alourdi par une photo sursaturée et des close-up trop récurrents, le métrage souffre clairement d'un manque d'intérêt. On n'apprend rien, et il est même plutôt pénible voire épuisant d'observer cette belle et fragile femme se désagréger de la sorte, crise après crise. Seul le personnage de Justin Timberlake, narrateur de l'histoire par ailleurs, donne une véritable note de satisfaction grâce à un jeu sobre et nuancé, très à propos. 

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Si vous avez envie de boycotter Wonder Wheel parce que Woody Allen est un vieux dégueulasse, vous en êtes convaincu(e), allez-y gaiement, vous n'allez pas rater grand-chose. Si vous avez envie d'aller voir le film parce que vous aimez l'œuvre du maître en général, vous risquez d'être déçu, c'est pas génial. A vous de voir. Ou pas.