L\'Île aux chiens, un énième bon film de Wes Anderson

undefined 12 avril 2018 undefined 10h32

La Rédac'

Je suis bien embêté – tiens c'est marrant ça "embêté" alors qu'on parle d'un film avec des bêtes dedans –, tout le monde porte le film de Wes Anderson aux nues, alors que moi, en toute honnêteté, je me suis un peu ennuyé. Comment fait-on ? On dit juste que je suis un mauvais critique ou on essaie de comprendre ? 


Essayons d'abord de comprendre, on dira que je suis un mauvais critique après. Wes Anderson revient donc à l'animation, huit ans après l'excellent Fantastic Mr. Fox, chouette fresque familiale et aventureuse au symbolisme anticapitaliste tout à fait pertinent et aux personnages loufoques et hyper attachants, comme toujours chez lui d'ailleurs. C'est un peu la même chose dans L'Île aux chiens, sauf que les renards et autres animaux des champs ont été remplacés par des chiens et l'environnement rural par un décor post-industriel fait d'ordures et de métal. Autre point commun, le mal est incarné par les humains, ici en l'occurrence Kobayashi, le maire de Megasaki, et son équipe de dirigeants corrompus. 

L'Île aux chiens film critique Wes Anderson

Pourquoi avoir situé cette histoire, forcément métaphorique, au Japon ? Difficile à dire, car pour dénoncer les problèmes de corruption que connaissent presque tous les gouvernements du monde, n'importe quel pays aurait fait l'affaire. Ce qui est sûr, c'est que le Japon qui nous est présenté ici est celui des clichés quelque peu surannés qu'on y associe volontiers, et qui font le "charme" du pays – en tout cas dans l'esprit des Occidentaux que nous sommes – : Geta aux pieds, Atari (comme la console des années 80, oui) part à la recherche de son chien, le premier à avoir été déporté sur l'île. Quand Kobayashi apprend la nouvelle de cette fugue, il est en train de regarder un combat de Sumo, et les flashbacks et autres scènes explicatives nous sont présentées selon la tradition picturale japonaise, avec force estampes et paravents peints. 

L'Île aux chiens film critique Wes Anderson

Une fois encore, Wes Anderson éblouit avec un univers visuel original couplé à ce on ne sait quoi qui instille imperceptiblement un sentiment de douce nostalgie dans le cœur du spectateur. Comment fait-il ça ? C'est son secret, mais ça marche à chaque fois. Bon, disons-le quand même, la mignonnesse effarantes des marionnettes et autres peluches animées en stop motion y est évidemment pour quelque chose, mais ça ne fait pas tout. Comme à son habitude, un nombre assez impressionnant d'idées loufoques mais trop cool viennent habiller les personnages et leur donner cette personnalité vaguement nerdy si particulière qui caractérise ceux qui sortent du cerveau vintage du réalisateur américain. 

L'Île aux chiens film critique Wes Anderson

J'ai lu ici et là que L'Île aux chiens était un film férocement politique, rapport évident à la satire du pouvoir et de la corruption que dévoile notre histoire. Certes cet aspect du film est intéressant, mais est-il véritablement original ? et ne doit-on pas s'y attendre quand on va voir un film d'animation de Wes Anderson figurant des chiens déportés sur une île ? Dans le même ordre d'idées, le flegme récurrent des personnages nous surprend-il encore vraiment, nous charme-t-il encore au point qu'on lui accorde tout le crédit dont ce film bénéficie ? Ma réponse, celle d'un mauvais critique, donc, est non. Le film est bon, et il est sincèrement difficile de reprocher quoi que ce soit à la technique ou même à la qualité scénaristique du métrage, mais bon, c'est un peu toujours la même chose, quoi. 

L'Île aux chiens film critique Wes Anderson


Je suis donc presque forcé de reconnaître toutes les qualités de L'Île aux chiens : grande inventivité, univers visuel hyper riche, documenté et beau, personnages attachants, morale validée. Le seul défaut que j'y vois et qui fait que je me suis ennuyé, c'est cette impression de déjà vu tenace qui ne me quitta pas du visionnage. Mais bon, qui aime bien châtie bien, il paraît...