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Voyage en Italie : de Florence à Rome en train

undefined undefined 8 juillet 2025 undefined 11h15

undefined undefined 17 juillet 2025 undefined 12h32

Rachel Thomas

Il suffit d’un billet de train, d’un petit clic et d’un siège côté fenêtre. C’est tout ce qu’il faut pour filer entre deux villes parmi les plus belles du monde : Florence et Rome, les belles, les majestueuses, une heure de voyage, une quarantaine d’euros, les collines toscanes qui défilent sous nos yeux et une montée d’excitation pas permise. Il y a quelque chose d’universel dans l’appel de l’Italie : est-ce la promesse de la lumière, de la lenteur, de la beauté sans filtre ? Les assiettes garnies, les cafés forts, les douceurs bien faites ? Trop de temps s’était écoulé depuis mon dernier séjour au pays de la Botte, je me devais d’y remédier. Un aller simple pour la dolce vita sous les cyprès, un rêve éveillé sans autre but que celui de flâner, errer et s’attarder.

Errance dans la majestueuse Florence

J’arrive en fin de journée à Florence et redécouvre cette énergie rare et cette lumière dorée qui fait scintiller l’Arno et accroche les fenêtres des ruelles silencieuses où le linge sèche aux fenêtres. Je dépose ma valise au Hoxton Florence, nouvel écrin contemporain au charme fou installé dans un ancien palais du XIXe, où l’ambiance est feutrée, vibrante, et où l’aperitivo se prend sous les arches. Je m’y attarde et, entre les inconnus sirotant des Spritz, deux-trois discussions près de la fontaine et un soupçon d’italo disco, Florence m’a adoptée.

À Florence, l’errance est un art de vivre. Ma première réelle journée commence par un passage obligé chez Wild Buns Bakery, adresse suédo-florentine tenue par mon nouvel ami Robert, nichée au sud de l’Arno (avec une deuxième ouverture à la rentrée 2025 au nord) et décorée du titre de meilleure patisserie de la ville. Je comprends rapidement pourquoi : l’accueil est chaleureux, le café divin, et surtout, le roulé à la cannelle que je m’engloutis sur un bout de trottoir hante encore mes rêves. Le ventre plein, je longe le fleuve et me laisse aspirer par l’ombre du musée des Offices, un des musées les plus prestigieux et visités au monde dont la collection est absolument gigantesque. Il faut prendre son temps, car là, entre la Vénus de Botticelli, l’Annonciation de Léonard De Vinci et la ribambelle de chefs d’oeuvre du Caravage, le shot de beauté m’étourdit presque.

Le dîner se fera chez Boccadama, face à la majestueuse Santa Croce, recommandé par des locaux avertis. C’est ici que je peux affirmer sans l’ombre d’un doute savourer les meilleures pasta aglio e olio de mon séjour, que dis-je, de la dernière décennie. Sur la table, mon plat de pâtes, une chandelle et cette impression que le temps s’étire - les pici, sorte de gros spaghetto toscan, sont fait maison et sont absolument inoubliables. Si vous avez quelqu’un à impressionner, notez l’adresse d’initiés ! Définitivement, Florence vole mon coeur.

Et puis Rome, l’éternelle

Le lendemain, je glisse mes affaires dans ma valise et rejoins la gare. Les trains sont fréquents, modernes, silencieux, efficaces. En 1h20, je file vers Rome, le paysage toscan, champs, cyprès et villages perchés défilant en cinémascope. Je ferme les yeux, je les rouvre : Rome.

À peine sortie de Termini, je rejoins le Hoxton Rome, adresse fidèle et chaleureuse, une deuxième maison dans le quartier très chill de Parioli. Comme dans la plupart des maisons du même nom, le lobby vit et vibre, on y travaille dans les canapés moelleux, on y partage un café serré ou un verre, on y fait des rencontres et on pourrait y passer la journée. Je me surprends même à un brin de nostalgie à mes premiers pas ici, me remémorant mon dernier séjour, les copains, les aperitivo et les bougies du gateau soufflées juste ici, près des baies vitrées de l’entrée.

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Je laisse mon sac, enfile mes sandales et file chez Faro, le coffeeshop dont on m’a tant vanté les mérites. J’y attrape un maritozzo vegan, ce petit pain brioché garni d’une quantité scandaleuse de crème fouettée à la pistache (oui) et je l’engloutis sur une barque de la Villa Borghese, parce qu’on n’a qu’une vie pour être heureux. J’en profite pour traverser le parc jusqu’à la Villa Médici, résidence d’artistes et balcon suspendu sur Rome, pour une visite guidée des sublimes appartements. Le soir, je descends dans Monti pour un apéro chez Ai Tre Scalini, bar à vin à l’ambiance brute, entourée de locaux et dont j’étais adepte il y a… douze ans ? La soirée se poursuit à la lumière des réverbères, autour d’une table de bois chez La Balestra, trattoria planquée à deux pas de l’hôtel, dont je gardais un souvenir impérissable des pâtes aux champignons. Verdict : toujours aussi fou.

Le restaurant Cugino, au Hoxton, me sert le petit-déjeuner de mes rêves. Jugez-moi si vous le voulez, mais rien ne peut me faire plus plaisir au réveil qu’un grand matcha avoine, un bol de fruits et un avocado toast servis avec le sourire. Je bois une gorgée, je réponds à deux mails, et puis j’oublie tout - l’envie de me lover dans cette ville monumentale me rattrape vite.

Mon programme du jour ? Filer au Six Senses, ma nouvelle destination. Et pas n’importe laquelle : en plein centre historique, à deux pas des plus beaux monuments du monde, se cache un 5* d‘exception dans lequel tout s’arrête. Le bruit, ma to-do, en quelques minutes, la ville s’efface et je me glisse dans une bulle suspendue. L’hôtel, installé dans un ancien palais à deux pas de la Fontaine de Trevi, est un bijou absolu où tout est pensé, du grain du marbre au choix des huiles essentielles diffusées dans l’air. Mais ce qui me cueille ici, c’est la sensation d’être exactement là où je devais être. Pendant ce qui me semble être des heures, je me prélasse dans les bains romains au sous-sol, un sanctuaire minéral et feutré qui reprend le rituel ancestral des thermes dans l’ordre précis de la tradition. Tepidarium, d’abord, tiède et apaisant pour relâcher le corps et le mental, puis caldarium, un bain chaud qui ouvre les pores et relâche les tensions. Je reste là, longtemps, à écouter mon souffle et les résonances aquatiques. Je suis avec précaution le rite conseillé, enchaine les douches sensorielles, le hammam, les saunas chaud et très chaud. Enfin, je prends un malin plaisir à me glisser dans le frigidarium, bain froid et vivifiant qui vient refermer le cycle et me ramène à mon amour pour les bains glacés. Dans ce silence qui donne envie de chuchoter, je me sens revivre.

Si j’avais en effet été prévenue de la beauté du rooftop du Six Senses, j’aurais difficilement pu m’attendre à un tel souffle coupé. À l’heure de l’aperitivo, je rejoins Notos pour une vue imprenable sur la ville à l’heure de la lumière dorée. Les toits se teintent de rouge, le ciel s’embrase, les cyprès percent l’horizon, on me sert un cocktail maison sans alcool et des montanare, bon dieu, pourquoi n’avais-je pas été prévenue de leur existence plus tôt ? À l’heure à laquelle j’écris ces lignes, je ferme les yeux et j’ai à nouveau le goût de ces pizzette frites indécentes de gourmandise sur le palais. L’instant est parfait. Je pourrais vous vanter encore longtemps les mérites du Six Senses, son escalier de marbre hautement cinématographique, son attention portée aux plus petits détails, jusqu’au petit-déjeuner absolument sans faute, retenez une chose : on n’est plus vraiment le même après avoir gouté aux loisirs de cet espace hors du temps.

Une gelato bien chocolatée chez l’incontournable Venchi au passage, et me voilà au Art’otel, où tout est pensé pour nourrir l’œil. Entre œuvres contemporaines signées Pietro Ruffo, couleurs vives qui réveillent le marbre et de l’art jusque dans les chambres et les couloirs, on est à mi-chemin entre une galerie vivante et un lieu de vie. Je n’ai pas le temps de trainer, l’appel du dehors est fort : j’enfourche un des vélos mis à ma disposition et je pars à la conquête de Rome. Petit arrêt obligé chez Fermaggio, à deux pas de là, pour une de leurs fameuses foccacias garnies à tomber. Le vent dans les cheveux, soleil au zénith, je descends vers le centre historique pour rejoindre le Colisée que je contourne en riant, le Forum et le Panthéon, majestueux sous le ciel d’été; je déambule dans les ruelles pavées, slalome autour des scooters et des passants, m’ébahis devant le véritable musée à ciel ouvert qu’est la ville éternelle avant de pédaler le long du Tibre et de rejoindre Trastevere, quartier bohème que j’aime tant, où l’air est plus léger et où les murs racontent des histoires d’amour et de cuisine. Vient la montée, celle du Janicule, ce promontoire qui surplombe la ville et d’où, tout là haut, les toits patinés par le temps et les coupoles dorées de la cité s’offrent à moi. Les jambes brûlent un peu, j’ai le sourire aux joues, le ventre creusé et le sentiment d’être accueillie comme si j’étais déjà chez moi. C’est peut-être ça, le plus beau des voyages : se sentir bien partout, sans jamais avoir à choisir.