[CLASH] Pourquoi les fleurs de Jeff Koons provoquent-elles la polémique ?

undefined 23 janvier 2018 undefined 11h06

Manon Merrien-Joly

Le projet ne date pas d'hier : le plasticien américain Jeff Koons avait annoncé le 22 novembre 2016 qu'il offrait à la ville de Paris le projet Bouquet of Tulips, en « symbole de souvenir, d’optimisme et de rétablissement, afin de surmonter les terribles événements qui ont eu lieu à Paris » le 13 novembre 2015. Le 21 janvier dernier, un collectif de personnalités de la culture a publié dans Libération une tribune clamant leur opposition au projet. 

L'œuvre en question, pesant 33 tonnes et mesurant douze mètres de haut et huit mètres de large, devrait être située entre le musée d'Art Moderne et le Palais de Tokyo. Selon les auteurs de ce texte, « l’œuvre serait en cours de réalisation, dans une usine allemande, et son implantation imminente », alors que toutes les autorisations pour sa réalisation n'auraient pas encore été délivrées. Mais le problème n'est pas là.


Un cadeau qui frôle le mauvais goût ?

Point par point, le collectif détaille les épineuses problématiques soulevées par le bouquet de tulipes multicolore offert par l'ancien courtier de Wall Street. Tout d'abord, la symbolique de l'hommage aux attentats terroristes de novembre 2015 ne fait ici pas sens puisque le choix de l'œuvre et de son emplacement sont des parti-pris « pour le moins surprenants, sinon opportunistes, voire cyniques ». Selon Konbini, l'artiste s'opposerait à tout changement d'emplacement.

Un cadeau qui n'en est pas un aux yeux de certains, car Koons a offert à la ville l'idée, et non la réalisation de ce bouquet gigantesque dont les frais s'élèveraient à 3,5 millions d'euros. Un appel au mécénat privé a été effectué, mais les réductions d'impôt (de 66%) rendent la concrétisation du projet principalement à la charge de l'Etat. Sans compter les travaux pour renforcer le sous-sol du Palais de Tokyo qui constitueraient un manque à gagner pour l'établissement. 

Et ce n'est pas tout : au-delà de l'aspect esthétique dont chacun se fera son idée, la réputation de Jeff Koons et sa patte qualifiée « d’emblème d’un art industriel, spectaculaire et spéculatif » ajoutées au fait que l'emplacement devrait, selon les signataires de la tribune, être réservé à des artistes de la scène émergente française, témoignent d'un sentiment amer qui en fait douter plus d'un quant à la "fraternité" de l'artiste.


Le projet examiné par la DRAC

Si le bouquet « est en cours de finition et n'attend plus que les autorisations » d'après Emmanuelle de Noirmont (la galeriste de Jeff Koons), Françoise Nyssen, la ministre de la Culture, a déclaré avoir demandé des études complémentaires à la DRAC dans le but de « minimiser les risques techniques, mais également juridiques, économiques et patrimoniaux ».

Ce n'est pas la première fois que des personnalités questionnent, voire fustigent, le Bouquet de Koons et ses intentions. En juillet dernier, Robert M. Rubin, ancien président de la Fondation du Centre Pompidou signait une tribune dans le Monde qualifiant l'œuvre de « cadeau empoisonné »Affaire à suivre.