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Le périph’ à 50 km/h : plus calme, plus fluide… mais pas encore idéal selon une étude

undefined undefined 3 octobre 2025 undefined 08h30

Jérémy Pennors

Depuis le 1er octobre 2024, rouler à 70 km/h sur le périph’, c’est de l’histoire ancienne. Désormais, c’est 50 km/h maximum. Une mesure décidée par la mairie de Paris, avec un objectif clair : réduire les nuisances sonores pour les quelque 600 000 habitants vivant à proximité de cet axe routier.

Douze mois plus tard, l’Apur (Atelier parisien d’urbanisme) publie une étude pour évaluer les effets de ce changement. Et le premier constat est clair : ça commence à payer


Moins de bruit la nuit, un peu plus de fluidité le jour

En moyenne, le niveau sonore a baissé de 2,7 décibels entre octobre 2024 et juin 2025, soit l’équivalent, « acoustiquement parlant, de la suppression d’un tiers du trafic », selon l’observatoire du bruit Bruitparif. Pas rien, surtout la nuit…

Le trafic aussi semble un peu plus fluide. L’étude note une baisse des embouteillages de 14 %, et autant pour les accidents. Le fameux effet « accordéon » se ferait moins sentir, explique l’Institut Paris Région, qui publie de son côté son propre suivi.  


Mais le niveau sonore reste au-dessus des seuils recommandés

Malgré ces premiers effets, le compte n’y est pas encore. Et pour cause, sur son site Bruitparif alerte : « 13 000 habitants restent en situation critique ». En clair, exposés à des niveaux sonores au-dessus des normes, notamment celles de l’OMS.

Pour aller plus loin, la région Île-de-France, opposée à la baisse de vitesse, propose de financer des enrobés phoniques, un revêtement qui réduit le bruit, mais dont l’efficacité diminue avec le temps. « La moitié du périphérique en est déjà équipée » rappelle l’Apur, qui insiste sur la durabilité de la réduction de vitesse, comparée à la solution technique seule. 


Une mesure contestée, surtout côté usagers

Côté taxis, on n’applaudit pas franchement. Et c’est peu dire que la limitation à 50 km/h, surtout la nuit, est loin de faire l’unanimité. La conduite y est jugée plus contraignante, avec un rythme saccadé et un œil constamment rivé sur le compteur pour éviter les excès de vitesse. Beaucoup estiment que cette nouvelle contrainte rend les trajets plus fatigants, sans forcément améliorer les conditions de circulation.

Même son de cloche du côté de la région, où Valérie Pécresse fustige une « mesure antisociale » qui ferait perdre « 20 000 heures par jour » aux usagers.

En journée, beaucoup notent que la limitation ne change pas grand-chose. Le trafic est souvent tellement dense qu’on dépasse rarement les 50 km/h de toute façon. Mais la nuit, la contrainte est plus palpable.


Et l’environnement dans tout ça ?

Côté pollution, les données sont globalement positives, même si contrastées. Les particules fines (PM10) ont légèrement augmenté, en partie à cause d’une météo plus sèche. Mais le dioxyde d’azote, lui, a reculé de 3,3 µg/m³, notamment grâce à une baisse générale du taux de motorisation dans la métropole.

Et ce 1er octobre, une nouvelle étude d’Airparif vient renforcer le tableau : un an après l’abaissement de la vitesse à 50 km/h, le dioxyde d’azote a baissé de 6 %, en lien direct avec une réduction du trafic de 4 %. Un « impact significatif » sur la pollution, selon l’observatoire de la qualité de l’air en Île-de-France.

En bref, le passage à 50 km/h n’a pas révolutionné le périph’, mais les premiers signaux sont là : moins de bruit, un peu plus de calme, et un trafic qui respire un peu mieux. Pour autant, la pollution sonore reste un problème majeur, et des solutions plus profondes devront être envisagées. Le périph’ est en transition. Mais le chantier, lui, est loin d’être terminé… et surtout loin de faire l’unanimité.