Nudes, dick pics et revenge porn : les pratiques des Français.es

undefined 19 février 2020 undefined 15h37

Manon Merrien-Joly

Le retrait de la candidature de Benjamin Griveaux suite à la diffusion d'images intimes remet sur la table une question qui se pose depuis la commercialisation de téléphones munis d'une caméra et des applications de partage de contenus : doit-on envoyer des photos dénudées (nudes, pour les djeun's) ? Qu'en faire ? Doit-on les supprimer directement après visionnage ? Quelles sont les pratiques des Français.es dans ce domaine ?

Un scandale équivaut à un sondage pour l'Ifop qui, pour le compte des sites CAM4 et Hot Vidéo (qui laissent peu de place au doute quant à leur cœur de métier) a réalisé une enquête auprès des Français.es pour en savoir plus sur leurs pratiques digitalo-sexuelles. 


Des rituels sexuels pimentés par le digital

Qu'aurait dit Marie-Antoinette si Louis XIV, éperdu de sa personne et en quête de rapprochement physique, lui avait transmis une carte postale sur laquelle figurait son ithyphalle fièrement dressé ? Si son émoi n'est pour l'heure pas connu, les Français et les Françaises ont intégré de nouvelles pratiques érotiques liées à l'apparition des nouvelles technologies. Un petit lexique s'impose. Le revenge porn, qui a dernièrement fait les gros titres, renvoie selon le Cambridge Dictionary à « des images ou vidéos privées à connotation sexuelle mises en ligne impliquant un(e) ancien(ne) partenaire sexuel(le) dans le but de le/la punir ou le/la blesser ». En amont de cet acte, on trouve la dick pic, la simple "photo de bite" prise par un individu et la sextape, une vidéo prise par un ou plusieurs individus les montrant en plein acte sexuel. 

L'ifop a mené une enquête auprès d'un échantillon national représentatif de 1 000 Français, montrant que le fait de se filmer tout en envoyant des messages érotiques est une pratique bien répandue parmi les Gaulois.es, et que les conséquences sont également appréhendées par ceux qui s'y sont déjà adonnés. Dans l'ensemble, si l’excitation entre partenaires via SMS, photos, vidéos ou webcam est une pratique minoritaire chez l’ensemble des Français (22 %), elle s’avère beaucoup plus courante chez les jeunes de moins de 30 ans (46 %) et notamment chez les hommes de cette génération où ce genre de jeux sexuels est une pratique majoritaire (53 %). 

Avant, on vous prévenait que l'oiseau allait sortir, désormais tout le monde prend en photo son petit oiseau : 35 % des moins de 30 ans ont déjà envoyé à quelqu'un une image d’eux à connotation sexuelle (photo, vidéo, live via webcam). Mais parmi ces pratiques à risque, l’envoi de photos ou de vidéos de soi-même nu ou dénudé (nude) s’avère beaucoup plus répandu (30 % chez les moins de 30 ans) que celle à laquelle se serait livré Benjamin Griveaux, à savoir la diffusion de son sexe (dick pic) sous forme de photo (15 %) ou de live via webcam (11 %).

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L'envoi de dick pics, une pratique qui reste marginale

Sans grande surprise, la diffusion de dick pic au sens strict reste en revanche une pratique marginale (9 %), à forte dominante masculine (13 % des hommes s’y sont adonnés contre 5 % des femmes) et homosexuelle (38 % chez les gays et les bis). Et côté webcam, les Spielberg de la verge restent rares : seuls 7 % des Français ont déjà exhibé leurs organes sexuels devant une webcam. 

Vous avez envoyé des clichés olé-olé et avez peur qu'ils refassent surface ? Vous n'êtes pas seul.e.s : un jeune sur deux de moins de 25 ans (46 %) admet avoir peur d’être victime un jour de revenge porn (30 %) sur Internet ou les réseaux sociaux. Pourtant, rares sont les Français.e.s à admettre s’être déjà livrés au revenge porn : 4 % des Français âgés de 18 à 69 ans avouent avoir déjà contribué à la diffusion non consentie de vidéos et photos à caractère sexuel, soit une proportion qui a doublé en une demi-douzaine d’années (2 % en 2014). Et cette pratique – condamnée par la loi – reste toujours une pratique essentiellement masculine chez l’ensemble des Français (5 % des hommes, contre 1 % des femmes) comme chez les jeunes de moins de 25 ans (8 % des garçons, contre 3 % des filles). Peur irrationnelle ou lâcheté des auteur.e.s ? Le mystère reste entier. 

En tout cas, malgré tous les conseils que vous pouvez recevoir (du style, ne pas faire de nudes), un seul marchera à tous les coups : assumez vos corps de dieux et de déesses, au Bonbon, on vous désire ardemment avec ou sans casseroles sexuelles.