Merci les Bleus, c\'était génial

undefined 16 juillet 2018 undefined 10h48

Louis Haeffner

Voilà c'est fait, on est champions du monde, pour la deuxième fois. Marianne peut se regarder fièrement dans la glace en se maquillant ce matin et se dire : « je fais partie du cercle restreint des grandes nations du football ».


Bon, il y a fort à parier qu'elle se dirait plutôt un truc du genre « voilààààà ! Elle est lààààà ! » en se frappant la poitrine à répétition à l'endroit où est désormais cousue cette fameuse deuxième étoile, mais au fond, qu'importe ce qu'elle pourrait bien dire. Le fait est qu'avec deux Coupes du Monde, on ne regardera plus les Bleus de la même manière. Comprenez-moi bien, on a toujours été plutôt bons au foot, mais le sacre de 1998, aussi beau fût-il, pouvait être justifié par les mauvaises langues en expliquant qu'on jouait à domicile, que Ronaldo était étrangement malade pour la finale, qu'on avait bénéficié d'un parcours plutôt aisé.

Aujourd'hui, cette mauvaise foi manifeste ne peut plus avoir cours : on s'est quand même tapé l'Argentine dès les huitièmes, avant de calmer proprement l'Uruguay et de taper la Belgique, probablement l'autre meilleure équipe du Mondial, en demies. Quant à la Croatie en finale, rappelons juste la physionomie du match. Il faut le dire, on a été dominés dans le jeu, mais sans être toutefois trop inquiétés. Lloris n'aura eu qu'une ou deux véritables parades décisives à faire avant de, dans sa grande mansuétude, faire un cadeau à Mandzukic. Je le comprends moi Hugo, il se sentait mal pour les Croates, si valeureux et méritants, mais qui sont tombés sur une équipe d'un réalisme qui fait presque froid dans le dos, et qui a fait preuve en défense centrale d'une solidité impressionnante. La maîtrise y était certes un peu moins que lors des matchs précédents, il a donc fallu laisser agir le talent, avec Pogba et bien sûr Mbappé, et un peu avant, ce petit zeste de chance sans laquelle une grande équipe n'est qu'une très bonne équipe.

Alors voilà, c'est peut-être bien payé en ce qui concerne la finale, mais une victoire 4 à 2 ne devrait jamais souffrir de la moindre contestation, et si l'on regarde l'ensemble du parcours et l'impressionnante sérénité dégagée par cette pourtant très jeune équipe de France, on peut dire sans avoir à baisser la voix que ce n'est que justice.

Voilà pour l'analyse strictement footballistique. Parlons maintenant du côté humain, car dans notre cas précis et après les célébrations d'hier soir, on peut le dire, le fanatisme est un humanisme. Oui, ces Bleus, on les aime, putain ! Pas seulement parce qu'ils gagnent, mais depuis un moment déjà, parce qu'il font plaisir à voir. Paul, sa démarche nonchalante et ses coupes de cheveux inventées, Adil, son cheveux sur la langue et sa moustache de hipster parisien de l'OM, Kylian, son effronterie mêlée de maturité (bordel 19 piges, on l'a encore pendant au moins quinze ans ! Ils vont faire comment les autres pays pour gagner des compétitions internationales ?), Benji, sa frappe de bâtard et ses boucles brunes, Lucas, sa grinta et son accent espagnol, Samuel et son déhanché de star du Voguing, Antoine, ses gros sourcils et sa décontraction contagieuse, Olivier, sa presque timidité et sa belle gueule, N'Golo, son niveau de jeu et son extraordinaire humilité, Dédé, son expérience et son inextinguible soif de vaincre... cette équipe respire la franche camaraderie, le fun et la joie de jouer ensemble, elle nous fait rêver, elle nous rend fiers d'être français, d'être jeunes, d'être insouciants, d'être ouverts d'esprit, en un mot d'être humains. Ils sont bons, ils sont beaux à voir, ils donnent de l'espoir... Alors, que demande le peuple ? Les revoir le plus vite possible, tout simplement, car vous nous manquez déjà. 

Merci les gars, c'était génial.