Le xénogenre, le nouveau genre ?

undefined 14 mars 2018 undefined 15h32

Manon Merrien-Joly

Un récent sondage mené par 20Minutes révélait que 13% des millennials ne se sentaient ni hommes, ni femmes. Si à la naissance, nous nous voyons (pratiquement) tous équipés d'un appareil génital féminin ou masculin, le genre auquel nous appartenons ne lui est pas (forcément) relié. D'année en année, les voix de personnes non-binaires (c'est à dire ne se sentant ni homme, ni femme) s'élèvent pour porter les identités de ceux qui se définissent métaphoriquement.


Du grec "xeno" ("autre, étranger" en grec), les personnes xénogenrées délaissent féminité et masculinité pour se tourner vers d'autres méthodes de catégorisation, comme les animaux, les plantes et autres créatures ou choses. 

Le wikipédia dédié au genre explique qu'il existe un vide lexical autour du xénogenre. C'est pourquoi les personnes xénogenres ont recours à des métaphores, des analogies que les autres n'auraient pas l'idée d'attribuer au genre, à l'image d'éléments de la nature, d'espace, de temps, de chiffres, de sentiments, de sensations, de couleurs... Les frontières n'existent pas en matière de xénogenre. 

Le site poursuit, en précisant que « associer son genre à un autre élément se fait de manière spontanée et instinctive chez les personnes xénogenres, ce n'est pas quelque chose qui se choisit ». Ainsi, les personnes xénogenrées se définissent généralement de trois façons.

Les noms et archétypes (un genre d'animal, une créature imaginaire, un concept abstrait, un symbole...) peuvent caractériser un être humain qui ressent une connexion en pensant à un de ces concepts : certains ont même profité du vide lexical existant pour créer des mots correspondants comme le "faunagenre" ou le genre "sous-marin".

Les personnes xénogenrées peuvent également définir leur genre par leurs perceptions synesthésiques. La synesthésie, c'est un phénomène au cours duquel les sens de plusieurs personnes sont liés : paroles, sons, mots font apparaître une couleur dans leur mental. Pour certaines personnes non-binaires, il est plus spontané de « percevoir et décrire le sentiment intérieur de leur identité de genre en des termes similaires aux perceptions synesthésiques. Par exemple, la texture, la taille, la forme, le temps, la lumière, le son ou une autre caractéristique sensorielle que la plupart des gens n’attribuent pas au genre du tout. Certaines personnes en ont fait des noms pour certains de ces genres, comme par exemple "archaïc-genre", "cosmique-genre" ou "genre-glacé" ».

Enfin, les neurogenres peuvent aussi être les éléments qui définissent le genre des personnes xénogenrées : autrement dit, leurs variations mentales peuvent marquer leur identité (maladies mentales, conditions neurologiques ou neurodivergences). Dans ces cas-là, l'identité de la personne est définie en corrélation avec ses divergences mentales.

La journaliste de mode et rédactrice en chef du magazine Antidote Alice Pfeiffer signait en 2017 un article sur le sujet : « ce terme cherche à échapper à l’éventail encore très limité des identifications proposées par la société et permet à chaque personne de se définir par association unique, sans passer par une projection matérielle et sexuée », indique-t-elle.

Jusqu'à ces dernières années, le genre d'une personne se voyait défini par ses attributs sexuels. En clair : votre enveloppe corporelle montrait la personne que vous étiez. Aujourd'hui, nous ne sommes plus seulement cisgenres (en accord avec le sexe attribué à notre naissance), on peut aussi être agenre (ne cherche pas à se définir comme homme ou femme), de genre fluide (passe d'un genre à l'autre) ou tout simplement non-binaire. Vous avez choisi ?