Le Majestic Passy, le seul cinéma du 16e

undefined 9 novembre 2016 undefined 00h00

Olivia

Cela peut paraître difficile à croire, et c’est pourtant bien le cas : il n’existe qu’un seul cinéma dans le 16e, un des arrondissements les plus chics et les plus peuplés de Paris. Une donnée qui dénote, surtout quand on sait que ce quartier recèle de musées, d’hippodromes et de stades. Alors comment en est-on arrivé là ? 

Lorsque le Majestic Passy – à l’époque Royal Passy – ouvre en 1937, c’est une salle originale, car construite dans un immeuble au-dessus d’un Prisunic, tout en béton et sans balcon. Dans la période d’après-guerre, le cinéma est un loisir très populaire. Il existe 16 cinémas dans le 16e, dont quatre rien que dans la rue de Passy.  « C’était le seul loisir accessible et proche, à l’époque tout le monde avait un cinéma de quartier en bas de chez soi », raconte Fabienne Waks, co-auteur du livre Drôles de salles« Le théâtre était réservé à une élite, mais le cinéma, tout le monde y allait, les jeunes, les vieux, les pauvres, les riches. » 

Dans un pays encore secoué par la guerre, la salle de cinéma apparaît comme une lucarne de paradis sur le monde, qui fait rêver et où l’on se sent bien. 

cinema-majestic-passy-16e©The Automobilist

Mais l’arrivée du petit écran va porter un coup à cette institution culturelle. Entre 1958 et 1970, le 7e art perd la moitié de son public. En 76, il ne reste plus que six cinémas dans le 16e. En 1977, le Royal Passy devient Le Broadway, on tente de revitaliser la salle, d’attirer un nouveau public. Rien n’y fait, le lieu est vendu à un magasin de fourrures en 1982. 

Lorsque le Majestic renaît en 94, malgré la crise des années 90 qui secoue l’industrie, il n’existe plus aucun cinéma dans le 16e. Deux hommes, Jean Labadie, producteur de Bac Films, et Simon Simsi, vont être à l’origine de cette renaissance, nous confie Fabienne Waks. Ils seraient tombés sur ce vieux magasin desaffecté, en sillonnant Paris à la recherche des cinémas disparus, avec en main de vieux numéros de L’Officiel, raconte-t-elle. 

Depuis 94, le Majestic a tenu tête et fait face à la concurrence rude des salles alentour, des Champs-Elysées ou du Pathé Beaugrenelle. Véritable cinéma de quartier, le Majestic apparaît comme un lieu unique. « Nos spectateurs sont des gens qui défendent une certaine vision du 7e art, qui sont cinéphiles » selon Eric Gernigon, directeur du Majestic Passy. « Le lieu est plus cosy, nous avons une personnalité plus forte, à l’inverse des grands groupes qui sont presque des supermarchés du cinéma. »  

Malgré la perte du jeune public vers Beaugrenelle ou à cause des tablettes et de la VOD, Eric Gernigon reste enthousiaste. « Le ciné a toujours un fort pouvoir d’attraction, pour son côté spectaculaire et aussi parce que c’est un vrai point de rencontre. J’ai bon espoir, depuis le numérique, il n’y a jamais eu autant d’innovation. »  

Le Majestic Passy
18, rue de Passy - 16e