La chronique du vieux con : le hoverboard, symbole décadent

undefined 27 avril 2018 undefined 15h16

Louis Haeffner

Qui a inventé cette merde ? Qu'il se dénonce maintenant, ou se taise à jamais. En fait qu'il la ferme à jamais, c'est mieux pour lui.


Super à la mode lors de son arrivée sur le marché des accessoires cheapos il y a quelques années, cette saloperie continue tragiquement à se vendre, et constitue même pour certaines âmes en perdition une véritable alternative aux moyens de locomotion classiques – ou devrait-on plutôt dire décents – que sont la voiture, les transports en commun, le vélo, la planche à roulettes, les rollers inligne ou même ces foutues trottinettes pour adultes.

Comment en est-on arrivé là bordel ? Qu'est-ce qui, dans notre évolution, notre patrimoine génétique et culturel, peut nous pousser, après avoir créé des trucs quand même capables de nous faire voyager dans l'espace, à inventer un truc aussi naze et ridicule ? Le gars a-t-il laissé une note d'intention, un avant-propos, quelque chose sur quoi on puisse se baser pour expliquer cette ineptie ? Il semblerait malheureusement que non, et que nous soyons donc livrés à nous-mêmes dans notre quête désespérée de sens.

L'explication la plus évidente, et celle qui nous vient immédiatement à l'esprit, c'est la recherche d'une certaine économie de l'effort. La valeur travail, ce que nous appelons, avec une connotation désormais négative, le "labeur", ne semble guère plus à la mode. Aujourd'hui moins on en fait, mieux on se porte. Contribuer au développement de la société dans laquelle on vit n'a de nos jours plus rien de valorisant ; notre civilisation tend irrémédiablement vers l'individualisme le plus décomplexé. Cet égoïsme à grande échelle nous pousse donc à en foutre le moins possible, et s'il est même possible de n'en plus foutre une rame du tout, alors le Graal est atteint, le bonheur à portée de main. Et qu'importe donc si on a l'air d'un demeuré complet sur notre hoverboard fait de mauvais plastique clignotant, le regard des autres ne nous atteint pas puisque nous n'avons rien à voir avec eux ; qu'ils triment et s'escriment sur leur machines à pédales archaïques, nous au moins, on arrivera frais et propre au bureau, notre avancée technologique sous le coude. Notre futur se résume donc à bouger le moins possible notre boule, quitte à finir comme les humains futuristes de cette scène introductive de la célèbre et édifiante œuvre d'anticipation qu'est Wall-E


Malgré de très longues minutes d'intense réflexion, nous n'avons pas trouvé d'autre explication potable à vous fournir aujourd'hui. Néanmoins, et pour ne pas vous laisser sans arme face à ce phénomène dystopique, nous vous proposons un petit guide des actions à prendre contre ce fléau, qui symbolise à lui seul la décadence de notre civilisation. Quand vous croiserez l'un de ces étranges et honteux équipages, au détour d'une ruelle au macadam bien lissé (ça ne fonctionne pas sur les pavés, anachronisme oblige), voici ce que vous pouvez faire :

- Tendez la jambe, de façon à crocheter sans vergogne l'utilisateur du véhicule incriminé. Ce dernier une fois à terre, hurlez, en prenant soin de bien lui postillonner au visage, ces quelques mots : « ta mère t'as pas appris à marcher ? ».

- Munissez-vous d'une bouteille d'huile, et oignez le bout de chaussée que le contrevenant à la plus élémentaire décence s'apprête à emprunter. Avec un peu de chance, la chute qui s'ensuivra obligera le malheureux à faire de la rééducation, il pourra donc aisément se rappeler de la marche à suivre pour conserver sa dignité dans le monde moderne. 

- Hellez cet abruti sur sa machine infernale, et proposez-lui cordialement de la foutre à la poubelle, et de la remplacer par un vélo. En effet il ira bien plus vite, aura moins l'air d'un abruti, et conservera le semblant de condition physique nécessaire en cas d'invasion extraterrestre. Ces arguments devraient finir de le convaincre. 

Allez, salut les jeunes !