« Le prochain qui klaxonne comme un mongol, sérieux je le sors de sa caisse et je le couche. Fermez-la putain ! » Je suis tellement d'accord avec mon pote derrière le volant, un peu moins bagarreur certes, mais tellement d'accord ! C'est quoi cette obsession majeure qu'ont les Parisiens pour le klaxon ?
Je vais vous raconter un peu ma vie, vous allez voir c'est fascinant. J'habite juste à côté d'une école, dans le 19e. Tous les matins, je suis réveillé par le bruit, non pas du bouillonnement de vie plutôt agréable émis par nos "chères têtes blondes" (je n'ai jamais compris cette expression, on fait comment pour les Noirs et les Asiatiques ?), mais par les klaxons de leurs c***** de parents qui se garent tous en double-file mais ne supportent pas que d'autres le fassent. On fait comment si, moi aussi, je perds patience ? Leurs essuie-glaces suffiront-ils à laver leurs pare-brises des douzaines d'œufs que je vais balancer dessus ? Voilà, chers amis, les questions que je suis amené à me poser dès potron-minet, alors même que mon esprit embrumé n'aspire qu'à retomber dans le sommeil.
Mais la vraie question qu'il convient de se poser est la suivante : que faire contre cette détestable habitude et les nuisances, sonores et autres, qu'elle engendre ? Ceux qui se rendent coupables de klaxonnements intempestifs savent-ils seulement que LA LOI INTERDIT LE KLAXON EN AGGLOMÉRATION ? – Vous n'avez pas le droit de nous casser les oreilles ! C'est interdit ! Vous devriez payer pour ça ! – En conséquence, dois-je demander à la police de faire son travail et d'équiper le pas-de-porte de mon immeuble d'un représentant des forces de l'ordre en faction, dont la seule fonction serait, plutôt que de verbaliser les cyclistes qui grillent les feux ou roulent trop vite (ça m'est arrivé récemment, si si), de mettre des amendes bien salées à cette bande de dégénérés accrocs aux décibels inutiles ? Ou peut-être qu'un tout petit tir de flashball... Enfin bref, doit-on vraiment en arriver là ?
Si ce modeste et inoffensif plaidoyer comprend autant de points d'interrogation, c'est bien parce que je suis victime de l'incompréhension la plus totale. Qu'on m'explique, s'il vous plaît, car les suppositions que j'ai pu faire jusque-là me semblent totalement idiotes. Les voici, vous allez voir c'est pas brillant.
Peut-être existe-t-il un phénomène de mode ou de mimétisme qui pousse la personne qui s'installe à Paris à appuyer frénétiquement sur son klaxon dès qu'elle entend le bruit de ses semblables ? Peut-être les concessionnaires vantent-ils les vertus du klaxon pour améliorer leurs ventes, assimilant alors le tout à une technique marketing des plus détestables ? Peut-être a-t-on l'air plus cool lorsque l'on klaxonne – cool étant évidemment à prendre dans le sens de "stylé, dégageant une allure moderne et enviable" plutôt que dans celui de "décontracté" – que lorsqu'on adopte une attitude stoïque ? Peut-être le klaxon est-il le seul moyen de s'affirmer dans une société qui fait déjà énormément de bruit ? Peut-être que si on n'a ni une grosse voiture ni une grosse b***, au moins on a un gros klaxon ?
Alors ? Parisiennes, Parisiens, parlez maintenant, ou taisez-vous à jamais !
