De Lignes en ligne, quand le métro inspire les dessinateurs

Le métro, le tube ou subway, est entré dans notre quotidien. Il incarne l'une de ces habitudes aliénantes de citadin. Pourtant, il suffit de prendre deux minutes et de regarder autour de soi pour lui trouver des aspects fascinants. Vous pourrez peut-être apercevoir ce croqueur qui vous fait de l'œil, là-bas, niché dans un coin de la rame. Amateurs et professionnels, il sont des dizaines à (vous ?) croquer dans le métro quotidiennement. Pour tuer le temps, se faire la main, où tout simplement pour le plaisir. Aujourd’hui, un livre compile les plus beaux croquis du métro de Paris, "De lignes en ligne".

Nicolas Barberon a 43 ans. Cela fait plus de 20 ans qu'il sort carnet et crayons dans le métro, et 10 qu’il navigue quotidiennement sur la ligne 12. Chaque jour, il agrandit sa galerie de portraits entre Mairie d’Issy et Saint-Lazare, toujours en queue de train.« Dans ma rame, je retrouve chaque matin à heure fixe ces mêmes têtes familières, comme si le métro se transformait en un petit village. Il m’est d'ailleurs arrivé de croquer la même personne pendant une semaine ! » confie le dessinateur. « La plupart du temps on est invisible, les gens sont plongés dans leur lecture, sur leur smartphone… D’autres fois, il suffit d’un regard interrogateur pour que la rame entière finisse par s’intéresser à nous. » En 20 ans, Nicolas dit avoir « 10 000 très bons souvenirs, avec des gens souriants, qui engagent la conversation » contre « très peu d’agressions verbales ». Un été, il se souvient de cette femme assise face à lui de 3/4, et légèrement vêtue dans la chaleur estivale. Alors qu’il la dessinait, derrière lui, un homme l’observe. « Il m’a dit : "Plus gros les seins, plus gros !" J’ai piqué un fard et j’ai tout remballé » s’amuse le croqueur.

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Alors qu'il était encore jeune étudiant à l'école supérieure des arts appliqués de Duperré, Nicolas se met à croquer en dehors des cours sous l'impulsion de ses profs : « Au début, j'ai fait ça un peu mollement. A la fin de mon cursus scolaire, c'est devenu une habitude, puis une drogue. » En 2009, suite à sa rencontre avec Annaïg Plassard, jeune collègue passionnée par les blogs et sites de dessinateurs, il lance un site ouvert à tous et participatif, "De lignes en ligne", sur lequel il diffuse des croquis du métro de Paris de cinq ou six dessinateurs, avant de s'étendre en 2013 à d'autres villes de France puis du monde. De Lyon à New York en passant par Tokyo, Barcelone ou Marseille, le collectif compte désormais 150 dessinateurs, en majorité français. « Je reçois des dessins quasiment tous les jours. Je fais un tri pour maintenir une certaine qualité et surtout éviter la redondance. Le choix ne se fait pas forcément sur la qualité du trait mais sur l'histoire que ça raconte, il faut que ça surprenne » précise Nicolas, soucieux de rappeler que tous les dessinateurs sont bienvenus.

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Aujourd’hui, l’aventure des croquis du métro se poursuit avec la parution d’un livre : "De Lignes en ligne, l'art discret du croquis dans le métro". Signé Annaïg Plassard et Nicolas Barberon, l'ouvrage présente une série de croquis et croqueurs par ligne de métro. « Même si les gens ne connaissent pas tel ou tel dessinateur, ils peuvent se retrouver en fonction de la ligne de métro qu'ils utilisent » explique Nicolas. Au total, 75 dessinateurs participent à cet ouvrage aux trois quarts consacrés à Paris, et un quart au reste de la France et du monde. Une jolie manière de croquer la vie, jusque dans le métro.

Découvrez une série de croquis dans le métro en page 2

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