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Boulangeries, fromageries… À Paris, les commerces de bouche sont en plein boom !

undefined undefined 27 novembre 2025 undefined 17h00

Jérémy Pennors

À Paris, trouver une boulangerie relève du réflexe plus que de la chasse au trésor : la quasi-totalité des habitants vit à moins de cinq minutes à pied d’un fournil. Une proximité qui illustre le phénomène pointé par l’Apur : entre 2011 et 2023, 1 029 commerces alimentaires supplémentaires ont poussé dans les rues parisiennes.

Cette progression est portée par un double mouvement : une population en léger recul et, dans le même temps, un nombre de commerces en hausse. Résultat, la densité explose : on comptait 3,1 commerces alimentaires pour 1 000 habitants en 2011, contre 3,8 pour 1 000 aujourd’hui.

Cette accessibilité quasi immédiate s’inscrit dans une dynamique plus large : l’ensemble des commerces de proximité liés à l’alimentation, ainsi que les cafés et restaurants, se développent à rebours du commerce parisien dans son ensemble, pourtant en baisse constante depuis vingt ans


Cavistes et fromagers en ascension, boucheries en recul

Si les traditions résistent, elles se réinventent. À l’inverse des boucheries, dont le nombre a chuté de 45 % en vingt ans, d’autres métiers trouvent un nouveau souffle. C’est le cas des cavistes : leur nombre a doublé depuis 2000 pour atteindre 681 enseignes en 2023. Près de la moitié sont désormais rattachées à un réseau, gage de visibilité et d’expansion rapide.

Les poissonneries et fromageries, elles aussi, connaissent une embellie, avec une hausse de 8 % entre 2020 et 2023, malgré la concurrence des grandes surfaces et magasins spécialisés.

Cette vitalité n’est rien comparée à celle de la restauration : la densité des restaurants et cafés est deux fois supérieure à celle des commerces alimentaires. En dix ans, ils sont passés de 6 à 7,3 établissements pour 1 000 habitants, confirmant l’appétit parisien pour la table, et l’omniprésence des terrasses.


Une croissance qui tranche avec l’érosion du commerce parisien

Ce boom des commerces de bouche intervient pourtant dans un contexte général de recul : entre 2000 et 2023, le nombre total de locaux commerciaux à Paris a dégringolé de 43 333 à 37 409.

Pendant que les vitrines alimentaires se multiplient, les enseignes de prêt-à-porter, autrefois star des artères commerçantes, déclinent. Après une progression continue jusqu’en 2014, elles ont perdu 5 % entre 2014 et 2017, puis 13 % entre 2017 et 2022, la faute aux liquidations, aux redressements judiciaires et à la transformation des usages (essor du e-commerce, mutation des mobilités, flambée des loyers).

Cette densification continue des commerces de bouche et de la restauration place Paris très au-dessus des standards européens : la capitale affiche des niveaux plus de deux fois supérieurs à ceux de Londres, Rome ou Madrid. Une singularité française qui transforme le paysage urbain… et nos habitudes de consommation.