C’est devenu en moins de 48 heures une petite bombe politique. Situé au n°8 de la place des Vosges, l’hôtel de Fourcy se retrouve au cœur d’une vive polémique depuis ce week-end, opposant élus de la majorité parisienne et droite municipale. En cause : ce magnifique hôtel particulier aux briques rouges, classé monument historique, demeure inoccupé depuis… 2019.
La mairie veut donc lui offrir une nouvelle vie en créant 17 logements sociaux de tailles variées, ainsi que quatre locaux commerciaux. Le projet inclut une réhabilitation complète : isolation thermique, renforcement de la structure, raccordement au réseau de chaleur et installation d’une pompe à chaleur. L’ensemble représente un budget de plus de 7,6 millions d’euros.
Un investissement jugé nécessaire par l’exécutif parisien, qui déplore que le 4ᵉ arrondissement ne compte qu'environ 15 % de logements sociaux, bien en dessous de la moyenne parisienne (25 %) tout en étant massivement touché par les meublés touristiques et les logements vides.
La droite fustige une opération vitrine
Du côté de l'opposition LR on crie au « grand luxe à prix d’ami », la droite municipales dénonçant une « opération démagogique » sur la place la plus chic de Paris.
Aurélien Véron, élu Les Républicains au Conseil de Paris, accuse ainsi la mairie d’offrir un bien exceptionnel plutôt que de rénover le parc social déjà dégradé. Les élus de droite estiment qu’un tel investissement en plein cœur de la place des Vosges relève plus du coup politique que d’une véritable politique du logement.
Le Conseil de Paris a voté la transformation du 8 #PlacedesVosges en immeuble #HLM.
— Aurélien Véron (@aurelien_veron) November 13, 2025
Les Parisiens ne trouvent plus à se loger, mais la mairie, elle, offre le grand luxe à prix d’ami.
Et devinez qui paiera les 11 milliards de dettes ? pic.twitter.com/O2S9Mv8ZuU
Le premier groupe d'opposition parle également de mauvaise gestion et d’un projet qui coûterait trop cher pour trop peu de logements, dans un lieu qui pourrait avoir un autre usage. Bref : un « gadget Hidalgo ».
La gauche réplique et accuse la droite de refuser le logement social
Du côté de la majorité, on assume totalement. Pour Jacques Baudrier, adjoint au Logement, le choix est stratégique : dans un arrondissement « déficitaire en logements sociaux », où plus de 30 % des logements sont vides ou secondaires, créer du social place des Vosges est un geste fort. Avec un message clair : la mixité sociale ne doit pas être cantonnée au nord-est parisien.
17 logements sociaux vont être créés au 8 place des Vosges (4e)
— Jacques Baudrier (@jacquesbaudrier) November 14, 2025
Dans un arrondissement déficitaire en logements sociaux, ciblé par les meublés touristiques et où plus de 30% des logements sont vides ou des résidences secondaires, la création de logement social est une priorité pic.twitter.com/tuCDDNMgKq
Ian Brossat, sénateur PCF et candidat à la succession d’Anne Hidalgo, dénonce quant à lui une « constante » de la droite : « Ils hurlent quand on fait du logement social dans le nord-est car il y en aurait trop. Ils hurlent quand on en fait dans les quartiers qui en comptent peu. Seule constante : la haine du logement social et de ses habitants »
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Toujours est-il que pour la gauche, les opposants sont « minoritaires » et le projet devrait passer lors du vote au Conseil de Paris.
Mais à seulement quatre mois des municipales de 2026 (prévues les 15 et 22 mars), le logement social s’annonce déjà comme l’un des thèmes les plus inflammables de la campagne.
