Hyper Voisins : une asso de quartier qui crée des liens entre voisins

undefined 29 octobre 2019 undefined 11h34

Juliette Darmon Martinet

Et si au lieu d'être partagé entre vivre caché et s’exhiber sur les réseaux sociaux, on stimulait les échanges entre habitants d’un même quartier ? Rassembler les compétences et renforcer la vie de village par la création de projets communautaires, voilà l’objectif de l’association des Hyper Voisins. En gros, on transforme des voisins qui se disent bonjour 5 fois par jour en voisins qui se disent bonjour 50 fois par jour.


L’histoire commence en 2017, avec Nassim, un primeur de quartier connu de tous. Les voisins le saluent chaque matin mais ne se connaissent pourtant pas entre eux. Patrick, à l’origine de l’association, décide alors de réunir les voisins intéressés chaque samedi pour mener à bien des projets de quartier. Aujourd’hui, le groupe s’étire sur un périmètre de 53 rues, 70 hectares et 15 000 habitants créant ainsi la République des Hyper voisins. C’est parti pour une aventure bienveillante !

Et quel beau programme ! Cette partie du 14e ne dort jamais. Ça commence par la Garden Coty, le parc Montsouris transformé en Élysée pour ressusciter René et Germaine Coty ; ça continue avec la Table d’Aude, la plus grande table de Paris qui a rassemblé 1000 convives à sa dernière édition, mais ça passe aussi par des transformations d’impasses en salle de cinéma, des fresques murales avec Emmaüs ou encore des apéros bouffe tous les deux mois. On n’oublie pas le carnaval des souris pour enfants qui a traversé tout Paris avec le petit train de Montmartre, ou les petites souris blanches décoratives de l’artiste Kees qu’on retrouve dans tout Paris et qui sont aujourd’hui un emblème des Hypers Voisins. Tous ces événements doivent leur réussite aux ressources et talents de chaque habitant !

Un autre de leurs projets innovants concerne une société interdisciplinaire de soins ambulatoires composée d’une dizaine de médecins généralistes dans le but de créer un dispensaire de santé de quartier et ainsi désengorger les hôpitaux. 

L’objectif est d’instaurer un nouveau modèle pour construire la ville de demain en créant des liens par plusieurs dispositifs.

"L’ami du quartier" pour commencer, qui sera en charge de 4 rues, 500 logements et 1000 habitants dès janvier et ce pendant deux ans. « C’est une expérience à l’intérieur de l’expérimentation. Le but est d’apprendre à lier 1000 personnes entre elles. » s’exprime Patrick. Un exemple de projet ? Soulager les jeunes parents et occuper les retraités en leur proposant d’accompagner à pied les enfants à l’école. C’est ce que les Hyper Voisins ont nommé le "Pedibus". Les retraités seront formés et assurés pour qu’il n’y ait aucun risque. Mais il y a aussi le lancement du quartier zéro déchet depuis le 16 octobre avec la création d’ateliers pour faire ses propres cosmétiques et produits d’entretien, ou même la naissance des nouvelles poubelles de la Ville de Paris et des composteurs au bout de la rue. Le but de ces projets : réinventer l’intelligence collective en créant une véritable solidarité entre voisins. 

Le projet baptisé "Et toi tu ferais quoi à ma place" concerne la transformation de la place des Droits de l’Enfant, un lieu de passage non exploité, en une "place de village". La rue Sarrette, renommée "La rue qui s’arrête", deviendra bientôt un lieu de rencontre piéton aménagé et animé par les habitants devenus maîtres d’ouvrage. Urbanistes, architectes, étudiants, commerçants, tout le monde mettra la main à la patte pour rendre cette place animée. Talus végétaux, estrades en bois accueillant spectacles et concerts, pavés enherbés, mobiliers urbains, espaces couverts pour héberger le marché au fromage du mardi ou les brunchs du dimanche, c’est ce qui attend les habitants du quartier. Ce projet expérimental a une réelle portée pédagogique : une place étrangère vouée à devenir la place de ses habitants qui en prendront soin et en choisiront le planning.



D’autres projets concernant la modélisation d’autres rues en lien avec le passé ont pour but de se remémorer des boutiques et artisans disparus. « L’objectif est de faire prendre conscience aux gens que le temps passe vite et que c’est à eux d’être maîtres de l’avenir. Les inciter à proposer des idées lorsqu’un commerce est vaquant, afin de ne pas laisser s’installer une énième agence immobilière qui risque, une fois de plus, de tuer la vie de quartier », nous explique Patrick. 

En connectant les riverains pour les inciter à partager au quotidien, l’association a facilité et embelli le train-train de beaucoup d’entre eux. Le tout Paris ferait bien de prendre exemple sur ce laboratoire d’innovations sociales pour refaire de la capitale une communauté solidaire !


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