Ce mardi 15 juillet, François Bayrou a présenté les orientations budgétaires de son gouvernement pour 2026, avec pour objectif de faire 43,8 milliards d'économies pour ramener le déficit public à 4,6% du PIB. Au fil d’un discours catastrophiste, le Premier ministre a invoqué la « malédiction de la dette » pour dérouler une série de mesures économiques particulièrement radicales, lesquelles seront introduites dans le prochain projet de loi de finance pour être débattues au Parlement à l’automne 2026.
Censé reposer sur « l’effort collectif » de l’ensemble des Français·es et du gouvernement, le plan est déjà dénoncé pour son déséquilibre. En tapant sur les plus précaires sans comprendre pour autant quelconque taxation des milliardaires, les partis d’opposition, de La France Insoumise au Rassemblement National, font déjà planer la menace de la censure. Voici l’essentiel des mesures à retenir.
1. La santé, cible privilégiée des pouvoirs publics
Dans le projet de budget 2026, le gouvernement prévoit d’abord plusieurs mesures pour réduire les dépenses de santé, en ciblant notamment les arrêts de travail et le prix des médicaments. La durée des arrêts prescrits par un médecin en ville serait plafonnée à 15 jours pour une première prescription, et à un mois après une hospitalisation, avec des prolongations possibles seulement après une nouvelle consultation et limitées à deux mois. Par ailleurs, le financement des sept premiers jours d’arrêt serait transféré aux employeurs, et une journée de carence obligatoire instaurée pour décourager les arrêts injustifiés.
Le gouvernement souhaite aussi réaliser des économies sur la distribution des médicaments, et a ainsi annoncé un doublement – de 50 à 100 euros par an et par assuré – du plafond des franchises médicales. Concrètement, les sommes restant à la charge des patients en cas d’achat de médicaments, d’actes paramédicaux ou de transport médical augmenteraient de « 8 euros maximum par mois », précise le ministre. Enfin, un effort est demandé sur les affections de longue durée (ALD), ces maladies chroniques comme le diabète ou le cancer qui bénéficient aujourd’hui d’une prise en charge intégrale des soins : le gouvernement souhaite revoir certains critères ou modalités de remboursement pour mieux maîtriser leur coût.
Se rend on bien compte de l'indécence de cette déclaration?
— Claire Lejeune (@ClaireMLejeune) July 15, 2025
Ça veut dire quoi un "effort" quand on est malade? Ceux qui pourront payer tant mieux, pour les autres tant pis. Bayrou demande donc aux malades précaires de notre pays de renoncer à se soigner.
Qu'il parte et vite. pic.twitter.com/MntLfChoga
2. Une « année blanche » pour les prestations sociales et le barème de l’impôt
Autre mesure controversée : l’instauration d’une « année blanche » pour les prestations sociales, les retraites et le barème de l’impôt. Concrètement, cela signifie que ni les pensions de retraite ni les allocations sociales ne seront revalorisées pour suivre l’inflation, estimée avec optimisme à 1 % en 2026. Les bénéficiaires verront donc leur pouvoir d’achat grignoté, puisqu’ils toucheront les mêmes montants en euros alors que les prix continueront d’augmenter. Dans le même esprit, le barème de l’impôt sur le revenu et celui de la Contribution sociale généralisée (CSG) resteront gelés, sans tenir compte de l’inflation, ce qui aura pour effet d’alourdir la facture fiscale pour de nombreux contribuables.
Voici l'impact de l'année blanche que vient d'annoncer F.Bayrou : une baisse de niveau de vie deux fois plus importante pour les 10% les + pauvres par rapport aux 10% les + riches.
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) July 15, 2025
Jusqu'à 350€ en moins pour un retraité.
C'est en réalité une "année noire" pour le peuple ! pic.twitter.com/KAIsyFEb8Z
3. La modification de l’abattement fiscal
Aujourd’hui, tous les retraités bénéficient d’un abattement fiscal de 10 % sur leurs pensions lorsqu’ils paient l’impôt sur le revenu, censé compenser des « frais professionnels ». Le gouvernement souhaite remplacer cet avantage, jugé inéquitable, par un forfait annuel unique de 2 000 euros, applicable à partir de 2026. Selon François Bayrou et le ministre de l’économie, Éric Lombard, l’objectif est de favoriser les petites retraites, de protéger le pouvoir d’achat des pensions moyennes, et de réduire l’avantage pour les retraites les plus élevées. Les retraités les moins imposés – ceux qui touchent moins de 20 000 euros par an – paieront ainsi moins d’impôt qu’aujourd’hui, tandis que ceux percevant des pensions plus confortables verront leur impôt légèrement augmenter.
🔴 Supprimer l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités permettrait de récupérer près de 4 milliards d’euros.
— Envoyé spécial (@EnvoyeSpecial) June 12, 2025
Malgré sa petite retraite, Jo accepte l’idée : “Il faut faire un effort.”
📺⏯ https://t.co/Ih4iNuMcZr #EnvoyéSpécial pic.twitter.com/FBdhg3iTE4
4. Une nouvelle réforme du chômage envisagée
En 2021, puis en 2023, deux réformes du chômage avaient durci les conditions d’accès aux allocations en allongeant la durée minimale de travail requise pour ouvrir des droits et en renforçant les contrôles des demandeurs d’emploi. Celles-ci visaient à encourager le retour rapide à l’emploi et à réduire le recours prolongé aux indemnités. Pour la prochaine réforme, le gouvernement envisage d’affiner davantage les critères d’« éligibilité », c’est-à-dire les conditions pour bénéficier des allocations, ainsi que la « durée maximale d’indemnisation ». L’objectif affiché est d’adapter plus finement le système aux réalités du marché du travail, tout en limitant le coût pour l’État. Le gouvernement prévoit de consulter les partenaires sociaux d’ici la fin de l’année afin de co-construire ces nouvelles règles, sans que plus de détails n’aient été fournis.
Une nouveau durcissement de l'assurance chômage pour faire des économies serait dangereux.
— Manuel Bompard (@mbompard) July 15, 2025
Le problème est que pour 1 emploi disponible, il y a plus de 20 personnes qui en cherchent un. pic.twitter.com/Bx88cyMPVw
5. La suppression de deux jours fériés
Enfin, le Premier ministre a porté un énième coup de massue sur les salariés en annonçant vouloir supprimer deux jours fériés, citant comme exemples le lundi de Pâques et le 8 Mai. L'objectif affiché ? « Réconcilier la France avec le travail », alors que le gouvernement dénonce un « désenchantement » des salariés face au monde professionnel, et pointe la difficulté pour certaines entreprises de trouver des employés motivés.
Un projet loin de faire l'unanimité : Jean-Luc Mélenchon a pointé le « symbole de la violence sociale » que représente cette suppression, tandis que le Rassemblement national - parti, faut-il le rappeler, fondé par d'anciens soldats nazis en 1972 -, parle d’ « attaque contre notre histoire », en référence au 8 Mai, jour de commémoration de la victoire de 1945. La CGT, elle, a qualifié de « très grave » l’idée de supprimer ce jour alors qu'il représente « la victoire contre le nazisme ». Ces mêmes partis n’ont pas caché leur intention de voter une motion de censure à la rentrée si la mesure venait à être conservée.
La proposition de #Bayrou de supprimer deux jours fériés est un chiffon rouge pour qu’on ne parle que de ça pendant des jours sans que les Français ne se rendent compte de tous les autres renoncements annoncés ce jour pour leur santé, les services publics…
— Marine Tondelier (@marinetondelier) July 15, 2025
J’ai une théorie sur… pic.twitter.com/vyySHjkkji
