[Rencontre] Au rythme entêtant d’Amadou et Mariam

undefined 5 mai 2017 undefined 00h00

Olivia

Ils ont conquis le monde entier avec leur musique malienne aux accents pop et ont collaboré avec les plus grands. En 40 ans de carrière, Amadou et Mariam sont loin d’avoir perdu leur verve musicale et reviennent avec le tube estival Bofou Safou, prélude à un nouvel album prévu pour septembre. Entretien avec le couple de musiciens le plus mythique du monde africain. 

Parlez-nous de Bofou Safou, votre tout dernier titre ? 

Amadou : Bofou Safou, c’est quelqu’un qui est né pour rien et qui est mort pour rien, il n’a pas apporté sa contribution, il est toujours paresseux, il ne veut rien faire. On dit que ce n’est pas bon d’être dans cette position-là, car quand tu viens sur Terre, il faut être utile, il faut aider partout, parce qu’en Afrique on a besoin de cette solidarité-là. 

A quoi peut-on s’attendre pour votre nouvel album ? 

C’est un album représentatif de notre musique, avec cette influence du blues et du rock. Après avoir fait beaucoup d’essais à droite et à gauche, on a décidé de collaborer avec Adrien Durand de Bon voyage organisation.  

On vous qualifie « d’ambas-sadeurs de la musique africaine » autour du monde, à quel moment ça s’est fait et comment l’expliquez-vous ? 

A : Ça s’est fait il y a longtemps ! En quittant notre Mali natal pour la Côte d’Ivoire, on a d’abord commencé à être des ambassadeurs de la musique malienne, on nous appelait le « couple aveugle du Mali ». Puis on est venus en France, et finalement les Victoires de la Musique sont arrivées et c’est comme ça qu’on a commencé à être reconnus internationalement. 

Qu’est-ce qui fait que vous sortez du lot ? 

A : On s’est beaucoup inspirés de tous les genres de musique, du blues, du rock, de la musique française qu’on écoutait. Il n’y a pas de frontière et chacun se retrouve dans ces musiques. Et puis, on a été beaucoup approchés par des grands musiciens comme Mathieu Chédid, Manu Chao ou Damon Albarn. 

M : Sergent Garcia, Coldplay, U2… C’est ça qui a fait qu’on a été très populaires ! 

Avez-vous toujours voulu donner ce tournant pop à votre musique ? 

A : Dès le départ c’était comme ça. Au Mali, les gens disaient que notre musique était bien, mais que si on allait en France ou en Europe on aurait beaucoup plus de succès. On faisait une musique qui était un mélange de blues et de rock, et qui n’était pas classée comme folklorique ou populaire, mais surtout internationale. 

Quelle est la particularité de la musique malienne par rapport à la musique africaine en général ? 

A : Au Mali, chaque ethnie à sa musique ; la différence avec la musique africaine, c’est que c’est beaucoup sur les mélodies, sur les paroles, comparativement aux autres musiques qui sont sur la danse. La musique malienne, c’est le blues africain. 

Dans votre carrière (longue de 40 ans), quelle est votre meilleur souvenir ? 

A : Il y en a tellement, mais en voici trois ! Le premier, c’est quand on a participé à l’émission de télé Afrique Etoile en 1980. C’est ça qui nous a ouvert la porte en Côte d’Ivoire. 

M : Ensuite il y a eu les Transmusicales de Rennes en 1997. Le public ne nous connaissait pas, tout le monde chantait avec nous, applaudissait, c’est un super souvenir pour nous. 

A : On n’était pas connus, on n’avait pas de disque, on ne savait pas à quoi ça allait ressembler, et finalement c’était l’apothéose. Le dernier, c’est l’invitation de Barack Obama au Prix Nobel de la paix à Oslo, avec des grands musiciens comme Donna Summer, Wyclef Jean. 

M : Obama nous a dit qu’il aimait le Mali, notre musique, donc ça nous a beaucoup marqués. 

Votre adresse malienne préférée à Paris ? 

A : Pour faire les courses, il y a le 18e arrondissement, et aussi à Montreuil. Montreuil, on dit que c’est la deuxième ville du Mali ! 

Si vous étiez un bonbon ? 

A et M : (rires) Au Mali, il y avait un bonbon qui était épicé avec du gingembre, il servait à guérir les gens qui avaient mal à la gorge. On aimait beaucoup ça. 

Nouvel EP, dont le titre 
Bofou Safou, sortie le 2 juin 
En concert au We Love Green le 11 juin 2017