On a parlé Myspace, Malibu coco et décapotable à Malte avec Camille Chamoux !

undefined 25 mai 2018 undefined 12h32

Olivia

Pour Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête d’Ilan Klipper, Camille Chamoux a troqué sa casquette d’humoriste pour s’attaquer à la tragi-comédie. Dans ce film où fantasme et réalité s’entremêlent, elle joue le rôle d’une psy venue “intervenir” chez un écrivain lunatique et parano qui inquiète beaucoup ses proches. Un long-métrage hors norme dont la comédienne nous a parlé autour d’un café !

La première chose qui interpelle lorsque l’on vous voit dans ce rôle, c’est le thème du film, beaucoup plus sérieux (au demeurant) que cet univers d’humour et de légèreté qui vous caractérise. Qu’est-ce qui vous a séduite dans ce scénario ?

J’aime énormément la question qui agite l’univers d’Ilan : « Qui est le fou de qui ? », et je trouve que c’est une question centrale de la société, pleine de cocasserie, de dérision. Ce qui me plaît dans le film d’Ilan, c’est qu’il n’aborde pas cela avec un sérieux absolu, même si le sujet est grave – on parle tout de même de l’internement d’une personne à domicile –, il le fait avec beaucoup d’humour. Son héro, Bruno, ne nuit à personne, mais que se passe-t-il lorsqu’on décide de vivre en dehors des clous, est-ce que la famille, la société le tolère ? à partir de quand est-on considéré comme asocial, voir même potentiellement dangereux ? Ce sont des questions passionnantes. Par ailleurs, je trouve ça hyper noble de conserver une légèreté, une forme d’humour dans le traitement de choses plus graves, c’est une forme de civisme.

Comment vous êtes-vous retrouvée dans ce projet ?
C’est très drôle parce que je ne le sais toujours pas ! Un jour l’équipe m’a appelée pour que je passe des essais. C’était la première fois que je passais une audition pour un projet où je ne connaissais littéralement personne, et où il n’y avait pas du tout d’argent. Mais j’avais trouvé le texte hallucinant, j’ai passé le casting en me disant « je veux absolument ce truc ».

C’est un film assez déjanté qui mélange réalité, absurdité, fiction… Est-ce que le tournage était tout aussi fou ?
On a tourné pendant 13 jours, quasiment en huis clos, et c’était une expérience complètement hors norme. On a tout tourné en continu comme du théâtre filmé, toute l’expérience était extrêmement forte. Je crois beaucoup en cette phrase de Michel-Ange “L’art naît de contrainte, et meurt de liberté“, plus tu as de contraintes, plus tu réfléchis, et c’était un tournage où il n’y avait pas de budget. Je me souviens de cette scène où Ilan Klipper a dit « on a une heure pour tourner cette scène, on ne peut pas la gâcher, on va faire une hallucination visuelle de Bruno » ; on a chopé un peignoir japonais qui traînait etc. Dès qu’il avait une vision, il l’exploitait, il faisait feu de tout bois, et moi j’adore ça !

Extrait du film Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête

Quel a été le moment le plus marquant du tournage pour vous ?
La scène de fête où plein d’inconnus débarquent à la fin. Il avait invité tout le monde via Facebook notamment, les gens ne savaient pas où ils étaient, c’était dingue,
et d’un coup, il a dit « bon bah c’est bon le tournage est terminé, on peut vraiment faire la fête », ça a continué, et personne ne s’en est rendu compte. Il y avait un pont extrêmement habile entre l’utilisation du réel et l’utilisation de la fiction.

Ilan Klipper dit vous avoir spécifiquement demandé de ne pas jouer la comédie, de ne pas chercher à être drôle. C’était compliqué ?
Plus largement que cela, il m’a carrément demandé de ne pas jouer la fonction. Il m’a évidemment demander d’être extrêmement sobre, mais en plus il m’a demandé de ne pas jouer la psy, mais de jouer la femme. C’est justement parce que mon personnage sort de ses fonctions, qu’il y a quelque chose de touchant qui se passe entre une femme et un homme, et non pas entre une psy et son patient. C’est quelque chose que j’applique encore aujourd’hui.

Ilan (ancien mono de Corvol) dit que le vrai thème principal du film c’est : est-il possible aujourd’hui de vivre autrement ? Comment tracer sa propre route en dépit du jugement des autres ? Qu’en pensez-vous ?
Ce qui est très marrant, c’est qu’il a lui-même beaucoup évolué. Le film s’appelait “Visite à domicile”, et il était très axé sur la psychiatrie, mais il s’est décalé de ce sujet et s’est rendu compte qu’il faisait un film sur un artiste ; ce que ça signifie d’être un artiste aujourd’hui dans la société, c’est peut-être quelqu’un qui est à côté de la société, qui la regarde et qui essaye de l’imaginer, sans pourtant en épouser les codes. Finalement c’est devenu un film sur n’importe qui qui ne souhaite pas rentrer dans le système.

Vos futurs projets ?
La sortie en octobre de Premières vacances, que j’ai co-écrit et réalisé avec mon compagnon. Avec Jonathan Cohen, nous jouons un couple qui vient de se former et qui décide de partir en vacances ; il y a aussi Camille Cottin évidemment et Vincent Dedienne notamment.

Ce que vous préférez à Paris ?
Il y a toujours un bar d’ouvert jusqu’à deux heures du matin – ce qui ne veut pas dire que j’y vais tous les soirs (rires) – mais ça me rassure. J’aime savoir que les gens rient, picolent, vivent au-delà de l’heure à laquelle je rentre. Ce que j’aime à Paris, c’est avoir à disposition la vie et le fait que ça ne s’arrête pas, quand bien même je n’y participe pas.

Si vous étiez un bonbon ?
Mon bonbon préféré, il n’existe plus… Il s’agissait de ce bonbon avec une poudre hyper acide à l’intérieur… Les petites soucoupes !

Mais ça existe encore…
Ah bon ? T’es sûre ? Mais je suis hyper contente ! Je vais aller m’en acheter direct !


Le Ciel etoilé au-dessus de ma tête,
de Ilan Klipper
Sortie le 23 mai 2018