La Goutte d'Or comme vous ne l'avez jamais entendue. Barbès Beats, c'est la nouvelle appli à télécharger pour redécouvrir le tier-quar à travers un docu sonore et géolocalisé inédit. La bande-son originale de deux siècles d'histoire.
Ça fait dix ans que le collectif MU dessine des parcours sonores à travers les villes. Pour la première fois, ils ont décidé de prendre le pouls de leur propre quartier en lançant Barbès Beats, un parcours artistique, jonché de bulles sonores documentaires sur l'Histoire de la Goutte d'Or. Des bals populaires du XIXe siècle à l'émergence du rap en passant par les bistrots kabyles des années 60, Julie Crenn, la responsable éditoriale du projet, a épluché toutes les archives, s'est tapé les stories des conférenciers du coin et a fait le tour des figures emblématiques pour dérouler le fil de la mémoire locale. Un saut spatio-temporel à portée de clic, puisqu'il suffit de télécharger l'appli (gratuite) pour se laisser guider dans le quartier d'antan. Chaque bulle dévoile un enregistrement sonore, entre témoignages d'habitants, tranches de vie, récit historique et musique.
« Le quartier historique est un territoire marqué par une tradition ouvrière et les luttes sociales. On part du XIXe siècle, puis on raconte l'immigration algérienne des années 50-70 et le Barbès des indépendances africaines, de l'Ouest et du Centre, dans les années 80 » explique Julie. Nous voilà plongés au temps des vieilles vignes et des moulins, en des lieux où étaient stockées les vaches avant d'être envoyées aux abattoirs de Montmartre. De jolies petites histoires, qui prennent une tournure plus grinçante avec celle de la serial killeuse surnommée « L'ogresse de la Goutte d'Or ». Puis on entend pousser les usines, sous l'effet de l'industrialisation galopante et l'on devine le quartier ouvrier historique, proche des voies ferrées. On se replonge vite fait dans Zola, sur la place de "L’Assommoir". On redécouvre les lavoirs, et Château Rouge, où se tenaient les banquets révolutionnaires. Là où, aux portes de Paris, les jeunes venaient faire la fête car la vie y était moins chère...
Voilà les années 50, les vagues d'immigration, maghrébine d'abord, et algérienne surtout, comme le rappelle Julie : « La guerre d'Algérie se jouait aussi ici. Les répercussions dans le quartier étaient très importantes. Le FLN (Front National de Libération) semait la terreur pour pousser les gens à manifester ». On se remémore que le premier journal des travailleurs immigrés a été lancé ici, tout comme Radio soleil, et l'une des premières grèves pour la régularisation des sans-papiers sous l'égide du militant Saïd Bouziri. Jusqu'à l'emblématique église Saint-Bernard, qui a accueilli il y a quelques semaines seulement les réfugiés migrants de La Chapelle, il n'y a qu'un pas.
Barbès Beats n'évite pas non plus les sujets épineux comme la drogue ou la prostitution. La gentrification aussi. Et comme ce quartier n'existerait pas sans les gens qui le font, on retrouve un paquet de figures locales comme le Bachelor, alias Jocelyn Armel, le dandy africain qui tient sa boutique de sapes rue de Panama, ou Koma, le rappeur de l'emblématique groupe de rap des années 90, Scred connexion. En bref, c'est humain, c'est intelligent et c'est une excellente raison de redécouvrir le quartier au son du raï, de la rumba congolaise ou du soukous.
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