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Le « Shein de la lunette » débarque à Rivoli et lance ses modèles à 2 euros

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Jérémy Pennors

Un lancement très Shein compatible. Blacksheep, souvent présenté comme le « Shein de la lunette », débarque avec la promesse de casser un marché de l’optique jugé hors de prix. Le modèle repose sur une recette simple : des montures produites en Chine, puis des verres fabriqués à bas coût, pour une vente directe, que ce soit en ligne ou dans le nouveau showroom de Rivoli.

À la clef, des tarifs imbattables : montures entre 2,50 et 2,95 euros, verres unifocaux à 5 euros et progressifs annoncés à 25 euros. Un positionnement rendu possible par l’absence d’intermédiaires et pensé pour bousculer un secteur français régulièrement critiqué pour son opacité et ses marges élevées


Des tests qui soulèvent des doutes sur la fiabilité

Face à l’emballement, les premières évaluations refroidissent. L’organisation belge Testachats a dans la foulée commandé dix paires pour vérifier la qualité réelle du produit.

Et patatras. La testeuse équipée avec des verres progressifs n’a pu lire nettement à aucune distance, et l’expertise optométrique menée ensuite conclut à un défaut majeur de centrage optique, bien au-delà des seuils acceptables. Des écarts recensés qui seraient susceptibles de provoquer fatigue visuelle, maux de tête ou vision déformée. Pour la qualité de l'achat, on repassera.

Et même si aucune dangerosité immédiate n’est établie, les associations rappellent que les lunettes restent en France un dispositif médical soumis à des normes strictes. L’UFC-Que Choisir souligne qu’un non-respect de ces règles placerait la marque dans l’illégalité, encore faut-il que les contrôles suivent. 


Un marché français sous tension… mais doté d’alternatives

L’arrivée de Blacksheep trouve un écho certain dans un secteur où les prix élevés et les marges importantes sont régulièrement pointés du doigt. Le marché souffre d’une densité record de boutiques : entre 13 000 et 15 000 opticiens pour 15 millions de paires vendues par an, soit quatre paires écoulées par jour en moyenne. Une équation qui alimente mécaniquement des marges fortes pour survivre.

Mais avant de se tourner vers le low cost extrême, les associations rappellent l’existence d’une offre souvent méconnue : le « 100 % santé ». Des montures et des verres intégralement remboursés, disponibles dans toutes les enseignes et, selon l’UFC, adaptés dans la grande majorité des cas. Une option que les opticiens sont légalement tenus de présenter, même si elle reste trop souvent minimisée.