La phrase de trop. Mardi 16 décembre, l’association féministe Les Tricoteuses hystériques a annoncé avoir déposé plainte pour injure publique contre Brigitte Macron. En cause : des propos tenus le 7 décembre, au cours desquels la Première dame aurait qualifié de « sales connes » des militantes féministes ayant interrompu un spectacle de l’humoriste Ary Abittan.
La plainte est déposée « au nom de 343 femmes et associations », un chiffre hautement symbolique faisant référence au Manifeste des 343, publié en 1971, dans lequel des femmes déclaraient avoir avorté alors que l’acte était encore illégal. « Un choix politique et féministe », revendique l’association, née dans le sillage du procès des viols de Mazan.
Les Tricoteuses hystériques agissent aux côtés de deux autres collectifs, 3Egales3 et MeTooMedia, estimant que ces propos sont « susceptibles de caractériser le délit d’injure publique ».
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Ary Abittan, féminisme et liberté d’expression : un cocktail explosif
L’incident trouve son origine dans l’interruption, le 6 décembre, d’un spectacle d’Ary Abittan par des militantes du collectif #NousToutes. L’humoriste avait été accusé de viol en 2021, avant de bénéficier d’un non-lieu.
Une décision judiciaire qui continue de diviser l’opinion, notamment dans les milieux féministes et culturels. Le non-lieu ne signifie pas que l’accusé a été blanchi, mais que les éléments n’ont pas été jugés suffisants pour un procès. Un point régulièrement rappelé par les associations féministes, alors que près de 80 % des plaintes pour violences sexuelles en France n’aboutissent pas, selon le ministère de la Justice.
Pour les militantes, perturber le spectacle relevait d’un acte politique visant à dénoncer l’impunité des hommes accusés de violences sexuelles. Pour d’autres, il s’agissait d’une atteinte à la liberté artistique. Les propos de Brigitte Macron, perçus comme une attaque directe et insultante envers le mouvement féministe, ont rapidement mis le feu aux poudres.
Résultat : une vague d’indignation dans les rangs féministes, à gauche, mais aussi chez de nombreuses figures du monde de la culture.
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« Désolée », mais pas de regrets
Face à la polémique, Brigitte Macron a réagi pour la première fois lundi, lors d’une interview accordée au média Brut. L’épouse du chef de l’État s’est dite « désolée » si ses propos ont « blessé des femmes victimes », tout en affirmant ne « pas regretter » ses paroles.
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Une prise de position qui continue d’alimenter le débat, alors que la plainte suit désormais son cours. Au-delà du volet judiciaire, l’affaire interroge une nouvelle fois la place de la parole féministe dans l’espace public, le traitement des violences sexuelles… et la responsabilité symbolique de celles et ceux qui incarnent le pouvoir.
