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Quel est le visage type de la Parisienne ?

undefined undefined 11 février 2016 undefined 00h00

undefined undefined 13 avril 2016 undefined 15h38

La Rédac'

Une étude, réalisée à Paris et dans 5 autres capitales de la mode, dresse des statistiques démographiques basées sur l'origine ethnique des femmes de chaque ville. L'idée est ensuite de construire un portrait-robot de la Parisienne, représentatif de notre tronche. A TOUTES. 

Tout commence par une longue série de calculs... En voilà un article qui commence bien. Accrochez-vous ! Ces fameux calculs ont donc été faits pour montrer la représentation de chaque ethnicité chez les femmes des capitales, du groupe le plus présent au plus minoritaire. Ensuite, les données ont été utilisées pour définir un portrait-type, proportionnel aux résultats de l'étude. Par exemple, à Paris, seulement 5% des résidentes d'origine étrangère de notre capitale viennent d'un pays d'Afrique. Par conséquent, le portrait-robot comportera 5% des traits de ces femmes. Sauf qu'à Paris, les études basées sur l'ethnicité sont interdites. Que veulent donc réellement dire ces résultats ?

Deuxième étape. Des photographes sur le qui-vive, prêts à arpenter les rues de Paris. Des Parisiennes à la pelle, prêtes à poser. Un maquillage léger, des shootings et plein de beaux portraits. Ensuite, un logiciel qui analyse la couleur de la peau, la forme du nez, des pommettes, des yeux, la couleur des yeux, des cheveux... c'est toute la morphologie de Paris qui passe au crible de l'ordinateur, pour en définir un visage-robot. Ce visage, réalisé grace à la technique du morphing, est celui de la Parisienne-type. Formé à partir des statistiques démographiques et des particularités physiques de chacune, il est censé représenter notre tronche à toutes.

ParisLa Parisienne

L'idée, audacieuse, fait partie de la nouvelle campagne "Face of the City" de Benetton. Evidemment. Leur stratégie respecte au pied de la lettre le motto "United Colors", qu'ils suivent depuis les années 80, notamment grâce à l'aide du photographe Oliviero Toscani. La marque italienne cherche donc à démontrer l'hétérogénéité des plus belles villes (et femmes) du monde, pour mieux en apprécier le melting-pot.

Là où ça coince, c'est qu'on a du mal à se dire qu'honorer la diversité de Paris, c'est en dresser un portrait fixe. Une image numérique, basée sur de belles mannequins, minces et apprêtées qui ont posé pour une grande marque. C'est ça la Parisienne ?

Et puis, l'idée de représenter toutes les femmes d'une ville à travers un seul et unique portrait, ou modèle devrait-on dire, est aussi contestable. Les femmes appartenant aux groupes minoritaires, qui seront proportionnellement moins représentées par ce visage, ne vont-elles pas se sentir marginalisées par ce robot leur rappelant qu'elles n'ont ni l'origine, ni la tronche d'une Parisienne ?

parisiennes2

Et, lorsqu'on regarde le résultat du facemorphing de chaque ville, la ressemblance entre les habitantes de New York, Milan et Tokyo est frappante. A l'heure de la globalisation qui gomme nos différences, et de l'industrie de la mode qui prône tyraniquement l'uniformité des visages et des corps, peut-être devrait-t-on mettre en valeur la multiplicité et la différence plutôt que la "copie-conformité". On veut voir des filles, des sourires, des rondes, des grandes, des rousses, des marrantes et des chiantes ! Nous TOUTES quoi ! Et pas un Robocop à la peau parfaite.

Des questions demeurent, mais si la marque provoque et fait réfléchir, c'est déjà pas mal.

Pour les photos-robot de la Milanaise, la Berlinoise, la New-Yorkaise, la Londonienne, et la Tokyoïte, visitez la page 2

BerlinLa Berlinoise

LondonLa Londonienne

milanLa Milanaise

TokyoLa Tokyoïte

newyorkLa New-Yorkaise